Martin Kusch : Faire le saut
Martin Kusch et Marie-Claude Poulin mettent le spectateur à contribution dans passage, une installation visuelle et sonore intégrant une performance dansée.
Réunis au sein de la compagnie kondition pluriel et aussi dans la vie, Martin Kusch et Marie-Claude Poulin sont engagés depuis une dizaine d’années dans une recherche pour créer la danse du 21e siècle. Une danse interdisciplinaire qui provoque la rencontre sensible de l’humain et de la technologie. Une danse participative où le spectateur peut intervenir sur le déroulement de la représentation, en devenir l’acteur et parfois, le jouet. Lui est artiste visuel, elle est chorégraphe. Mais au fil du temps, leurs langages ont tellement fusionné que leurs rôles sont devenus interchangeables. Les aventures qu’ils proposent sont toujours passionnantes.
Passage est une installation où un corps humain évolue tandis que des projections courent sur les écrans disséminés dans l’espace et que divers objets permettent au spectateur d’agir sur l’environnement visuel et sonore. Tout est prévu pour éviter la redondance ou la cacophonie. "La technologie est programmée pour que la même intervention ne donne pas toujours le même résultat, explique Kusch. Mais il y a aussi une part de performance parce que je joue avec le public en proposant certaines images, et Alexandre St-Onge fait pareil avec le son."
Les mouvements de la performeuse Catherine Tardif ont aussi une incidence sur l’environnement médiatique, et elle est elle-même une interface: bardé de senseurs, son costume réagit à l’approche d’un corps étranger, au toucher et à la pression. Pour varier les plaisirs, elle puise dans des banques de mouvements conçues par Poulin, Benoît Lachambre et Dominique Porte et crée trois types de situations: la danse, où elle est plus en représentation, la sollicitation, où elle provoque toutes sortes d’interactions avec le public, et la passivité, où elle s’offre aux manipulations. "Son costume est un corset qui a une petite connotation politique, commente Kusch. On voit très bien le dispositif technologique, ce qui crée spontanément une distance par rapport au corps qui est à l’intérieur. C’est intéressant parce qu’il y a toujours des personnes qui utilisent Catherine comme un objet avant de réaliser qu’ils touchent un être humain."
Pour que chacun puisse profiter au mieux de l’expérience, la performance s’étale de 18 h à 21 h et on y entre par petits groupes. Les premiers arrivés peuvent s’attarder pour voir évoluer la création et initier les nouveaux arrivants. Stimulant.