Nature morte dans un fossé : Six personnages en quête d'une morte
Scène

Nature morte dans un fossé : Six personnages en quête d’une morte

Une intrigue à résoudre. Une société où la violence n’est pas toujours là où on l’attend. Le Théâtre Blanc fait dans le polar, et c’est Christian Lapointe qui tire les ficelles de Nature morte dans un fossé.

Christian Lapointe a peu donné dans la commande. Conscient d’avoir logé à l’enseigne d’un théâtre plus exigeant, il trouve ressourçant de se lancer dans une telle aventure. À même l’intrigue bâtie par Fausto Paravidino, il a trouvé des entrées pour faire avancer sa démarche personnelle, qui n’en sera jamais une de facilité. "Moi, je fais du fromage bleu, pas de la mozzarella. T’aimes vraiment ou pas du tout. Mais je connais personne qui tripe sur la mozzarella."

Nature morte dans un fossé, c’est le récit d’une mort violente, construit en monologues punchés. Une jeune femme est trouvée sans vie, sur le bord de la route. Règlement de comptes? Overdose? Crime passionnel? "On cherche à savoir qui a tué la morte, mais aussi qui était la morte", explique Lapointe.

Témoigneront Boy, Cop, Mother, Pusher, Bitch, Boyfriend, des personnages liés à la jeune femme, interprétés par une distribution aux allures de tour de Babel avec quatre comédiens acadiens, un Québécois (Jean-Michel Déry) et un Anglo-Québécois (Kevin McCoy).

Pas question pour Christian Lapointe de monter ce texte en monologues scindés. "Tout le monde est sur scène pendant deux heures. Les acteurs qui ne sont pas en train de jouer interprètent les citations, les paroles des personnages dont on parle mais qui ne sont pas sur scène. Ils forment un choeur, pour rappeler la tragédie."

Lapointe insiste. Oui, il y a une intrigue à résoudre, mais c’est loin d’être tout. "Le texte pose la question: qu’est-ce qui est vraiment trash dans notre société? Les milieux mafieux? La drogue? Et si le trash était aussi cette moisissure, prise entre les murs, qu’on ne voit pas, mais qui fait que la maison s’effondre?" Le polar pour le polar, Christian Lapointe aurait été réticent, mais avec la critique sociale vissée à l’intrigue, il acceptait la mission.