L’Asile de la pureté : Exigeant, nécessaire
L’Asile de la pureté, texte de Claude Gauvreau mis en scène par Martin Faucher, secoue la scène d’une bourrasque singulière: explosion de mots, langue magnifique, énergie brute.
C’est à une cérémonie baroque, où se mélangent critique, lyrisme et caricature, que convie la pièce de Gauvreau. Martin Faucher y répond par une mise en scène faisant alterner dépouillement et désordre, pureté et laideur, sur fond de musique entre angoisse sourde et déchaînement (Marc Vallée). Au centre du tourbillon: Donatien Marcassilar, jeune poète qui, pour honorer la mémoire de sa muse disparue, entreprend de jeûner jusqu’à la rejoindre dans la mort. Dans sa forteresse de détermination, il reçoit visite après visite: chacun, ou presque, cherche à le dissuader de poursuivre son jeûne, qui par affection, qui par intérêt. "Entre l’impureté et mon coeur de faon, le duel est engagé", répond-il.
Pour incarner cette galerie de personnages hétéroclites, 12 comédiens au jeu impeccable et impressionnant (dont Hugues Frenette, Jean-Sébastien Ouellette, Réjean Vallée, remarquables). À côté des personnages centraux et de quelques présences hallucinatoires, issues du délire de la faim, ils offrent l’image grotesque d’une société aux visées méprisables, contre laquelle Marcassilar s’insurge. Pièce sur le rejet du conformisme, le refus, au nom de l’idéal, des compromissions, L’Asile de la pureté devient le symbole de toute résistance. Faucher le suggère d’ailleurs par l’ajout d’un très beau et pertinent prologue soulignant la portée politique de l’oeuvre.
On est frappé par l’actualité criante de ce texte datant pourtant de 1953: signe d’une solide audace, marque d’une grande oeuvre.
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Les paroles et les univers singuliers, le regard critique sur la société