Catherine Vallée-Grégoire : Exercices de style
Scène

Catherine Vallée-Grégoire : Exercices de style

Pour sa première création, la compagnie L’Incorruptible.Théâtre se lance dans un projet ambitieux impliquant une cinquantaine d’artistes. On en parle avec Catherine Vallée-Grégoire.

Élaborée en 1916 à partir des travaux de Gozzi et de Goethe, la théorie de Polti démontre qu’il existe, pour tout type de scénario, ni plus ni moins que 36 situations dramatiques, par exemple l’adultère meurtrier, l’ambition, la révolte, le désastre… Sur une idée de l’auteure et scénariste Isabelle Doré, qui avait tout d’abord envisagé ce projet pour la télévision, la metteure en scène Catherine Vallée-Grégoire a décidé de les porter sur scène. Intitulé Les 36, le projet a tout de suite attiré l’attention du Théâtre La Chapelle et des organismes subventionnaires, une prouesse pour une nouvelle compagnie.

"Nous avons fait une liste d’auteurs dont nous aimions le travail, explique Vallée-Grégoire. Puis, nous avons communiqué avec eux pour leur demander d’écrire chacun une courte pièce illustrant une des situations dramatiques, qu’ils tireraient d’un chapeau." Au final, des auteurs reconnus côtoient des jeunes fraîchement sortis de l’école et des auteurs de la relève, un mélange qui tient à coeur à la compagnie et qui se retrouve dans la distribution.

Hormis le respect du thème pigé et une durée maximale de cinq minutes, les 36 auteurs avaient carte blanche. On conçoit que le résultat obtenu puisse être éclectique: "Il y a un texte en alexandrins, des tragédies, des marionnettes, de la téléréalité, etc. Mais j’ai essayé de créer des liens entre les pièces en les imbriquant les unes dans les autres. Ainsi, certains textes se chevauchent, tandis que d’autres ont été découpés en plusieurs parties." Les thèmes abordés, violence, amour, mort, religion, sont au coeur de l’actualité: "Le spectacle dresse un portrait du Québec d’aujourd’hui, sur les plans à la fois sociétal et artistique, précise la metteure en scène. Il y a des personnages qui se ressemblent et le ton est souvent ironique."

Les sept comédiens – Marc Beaupré, Annick Beaulne, Fabien Dupuis, Annie Girard, Bruno Piccolo, Sarah Desjeunes et Étienne De Santis-Savoie – interpréteront un total de 101 personnages, parmi lesquels un homme en mal d’amour qui prend en grippe le père Noël, une femme un peu trop pressée d’accoucher, un tueur à gages qui ne cesse de se faire déranger par son téléphone cellulaire et un homme d’affaires qui se croit victime d’un sort jeté par l’intermédiaire d’un biscuit chinois. Toutes les transformations se feront sur scène, au vu et au su des spectateurs: "Je trouvais intéressant que le public voie ce qui se passe, voie les changements de costumes, car cela aide à se retrouver. Mais c’est pensé pour ne pas perturber l’écoute."

La metteure en scène a aussi pris le parti d’indiquer les situations dramatiques sur un écran, pour éviter que nous passions notre temps le nez fourré dans le programme. Compte tenu du nombre de pièces, le spectacle a été divisé en deux parties indépendantes, qui peuvent être vues deux soirs différents, dans n’importe quel ordre. Il sera aussi présenté dans sa version intégrale à certaines dates. Chacun pourra ainsi choisir ce qui lui convient le mieux.

Consultez la page du Théâtre La Chapelle au www.voir.ca/lachapelle