DIX – Anatomie d'un désordre : L'imposteur
Scène

DIX – Anatomie d’un désordre : L’imposteur

Vincent Champoux se fait auteur. Avec DIX – Anatomie d’un désordre, il décortique les diverses identités d’un usurpateur dans le studio de création Marc-Doré du Théâtre Périscope.

C’est l’histoire de Melville. Enfin, d’un homme qui s’appelle Melville à la ville, mais ailleurs, c’est autre chose. Papa d’un petit garçon dans un coin du monde, amant d’un aviateur dans un autre: l’homme mène une dizaine de vies en parallèle. Porteur de personnalités multiples, sans le côté pathologique de l’affaire.

Elle est complexe, voire trop conceptuelle, la mise en forme de ce monologue. C’est que Melville se présente à nous comme un conférencier, spécialiste du système Dewey, grâce auquel on se repère dans les bibliothèques. Les ouvrages généraux ont la cote 000, la philosophie, 100, et ainsi de suite jusqu’à l’histoire et la géo, classées 900. Mais voilà que Melville stoppe la conférence; le jeu des diverses identités a assez duré, il doit redevenir Melville, le vrai. Il laisse tomber les masques, mais pas le système Dewey, car c’est en se basant sur ce classement qu’il raconte ses diverses vies: 800, littérature, prétexte pour parler d’un des nombreux Melville, celui qui rêvait d’être écrivain. Un dispositif qui pèse lourd sur les épaules du texte, assez bon pour fonctionner par lui-même.

Car il est d’une fine qualité, ce texte. Ponctué de plusieurs petites vérités pas toujours agréables à entendre, DIX montre de Vincent Champoux un talent marqué pour le littéraire. Un texte qu’on voudrait relire pour mieux le voir. Le talent de l’acteur Champoux, lui, est bien visible. La vérité de son jeu, le côté direct dans l’approche des spectateurs n’en servent que mieux le parcours de son personnage qui, pour s’aimer, aura pris de très très grands détours.