L’Abattoir : Petite fin du monde
Avec Vietnam pour un grilled cheese, L’Abattoir réitère son intention de nous faire rire avec son humour noir et absurde nappé de fromage jaune orange.
En 2008, L’Abattoir s’est pointé le museau dans le paysage théâtral sherbrookois tel un chien galeux. Certains ont eu peur de la bête alors que d’autres l’ont prise en affection. Chose certaine, la jeune compagnie de théâtre a réussi à marquer les esprits avec sa toute première création, Le revolver porte une brassière. "L’important pour nous était de mettre notre poing sur la table, explique l’auteur et cofondateur de L’Abattoir, Mathieu K. Blais. On ne voulait laisser personne indifférent. On a été remarqués; les gens ont retenu notre nom."
Cette année, on peut s’attendre à moins de fracas et davantage de nuances, car l’objectif est différent. "On a beaucoup écouté les critiques, avoue l’autre moitié de L’Abattoir, la metteure en scène Mylène V. Rioux. On est allés vers quelque chose pas nécessairement de convenu, mais de plus accessible." Ainsi, le duo veut mieux établir le style qui le distingue, soit la comédie absurde. "La comédie peut être un genre noble, précise Blais. Par la façon dont on l’apporte, ce n’est pas du théâtre d’été, car il y a un propos."
MON ROYAUME POUR UN FROMAGE
Intitulée Vietnam pour un grilled cheese, cette deuxième production suit le périple d’un homme qui se rend à l’épicerie afin de s’acheter des tranches de fromage jaune orange pour faire un grilled cheese. "Pour lui, c’est une question de vie ou de mort", ajoute Rioux. Sa quête sera tout aussi périlleuse et risquée que l’a été la guerre du Vietnam.
"L’histoire se passe dans un univers "hors temps", sans références culturelles, mis à part le grilled cheese, au dire de l’auteur. C’est dépourvu de québécitude, sauf peut-être pour la langue." Les personnages de la pièce ont tous la hantise d’une quelconque catastrophe qui pourrait arriver malgré qu’ils vivent dans un monde où ça n’existe pas. "De nos jours, il y a tout le temps ce genre de menaces. Quand ce n’est pas la grippe aviaire, c’est le virus du Nil, la listériose… Chaque jour peut être une fin du monde."
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