Wen Wei Wang : En harmonie
Après nous avoir enchantés avec Unbound, le chorégraphe Wen Wei Wang nous revient avec Three Sixty Five, une pièce qui traduit son intégration à la société canadienne sur une musique inspirée de Vivaldi.
En 2006, Danse Danse avait eu l’heureuse idée de nous faire découvrir la compagnie vancouvéroise Wen Wei Dance avec la pièce Unbound. Le chorégraphe d’origine chinoise Wen Wei Wang y rendait hommage à sa grand-mère dans une série de tableaux à l’esthétique sophistiquée et avec des danseurs aussi intenses que virtuoses. Aujourd’hui, c’est presque la même équipe qui vient nous présenter Three Sixty Five, créée en 2007. Le fabuleux éclairagiste James Proudfoot reste le maître des atmosphères visuelles et le talentueux compositeur italo-canadien Giorgio Magnanensi, celui des ambiances sonores. Inspirée des Quatre saisons de Vivaldi, son oeuvre pour bande électronique est agrémentée d’une partition pour violoncelle interprétée en direct par Peggy Lee.
"Même si toutes mes pièces font référence à ma vie, elles sont très différentes les unes des autres, affirme le chorégraphe de 44 ans. Après Unbound, je sentais que je ne pouvais pas revenir à mon histoire en Chine; je voulais parler de ce que j’étais devenu après presque 20 ans au Canada. J’ai eu envie de dire que nous sommes tous des humains et que si nous voulons nous comprendre, nous en sommes capables. Au fond, quels que soient notre couleur de peau, notre langue et notre bagage culturel, nous vivons dans un même monde et traversons tous les saisons. C’est pour ça que j’ai choisi l’oeuvre de Vivaldi. Mais comme je parle des émotions qui nous animent au fil du temps et qu’elles ne sont pas rythmées comme les saisons, j’ai commandé une nouvelle partition et j’ai choisi un titre qui évoque le temps d’une année."
Interprétée par six danseurs dont Wang lui-même, la pièce livre son message à travers ses images et ses ambiances. La gestuelle, abstraite, se nourrit des techniques du ballet classique et de la danse moderne. Et si le chorégraphe est passé maître dans l’art d’intégrer harmonieusement ses multiples influences culturelles, la danse classique chinoise qui l’a façonné de 7 à 22 ans est, selon ses dires, absente de cette chorégraphie. Il opte pour un geste résolument contemporain pour mieux évoquer la réalité du quotidien, et la sensualité qu’on lui connaît vibre à nouveau, comme un clin d’oeil à Vivaldi.
"En étudiant Les Quatre Saisons, j’ai appris que Vivaldi, qui était prêtre, enseignait le violon à une jeune fille et qu’il avait composé ces concertos pour qu’elle le pratique, raconte Wang. Il a eu des relations sexuelles avec elle et c’est pour ça qu’il a été exclu de l’Église et que sa musique y a été interdite." Qu’elles soient sexuelles ou autres, les relations sont au coeur de cette nouvelle oeuvre. Et si la joie et la passion s’y expriment dans des mouvements dynamiques, la tristesse et le sentiment de solitude y sont aussi évoqués.
"Ce n’est pas une pièce joyeuse et lumineuse; elle est assez lourde", poursuit le créateur qui garde en lui les traces vives d’une enfance difficile, bien que privilégiée, au pays de Mao. En attendant de voir comment il y replonge dans Cock-Pit, sa toute dernière création, saisissons sans hésitation l’occasion de découvrir comment se conjuguent l’intégration et le talent.
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