Marcel Pomerlo : Il était une fois en Amérique
Marcel Pomerlo s’apprête à défendre My name is Jean-Paul, une adaptation pour le théâtre de la parole poétique de Jean-Paul Daoust.
"Il veut constamment être dans l’essence de la vie, d’une façon vibrante et entière. Mais ce n’est pas toujours possible!" Marcel Pomerlo parle ici de J.P., le personnage central de My name is Jean-Paul, mais il pourrait tout aussi bien parler de Jean-Paul Daoust lui-même, bien-aimé poète montréalais auquel le Théâtre Triangle Vital dédie son nouveau spectacle.
My name is Jean-Paul, précisons-le, c’est une véritable fiction, avec une structure propre, puisée à même plusieurs des recueils de Daoust (parmi lesquels Black Diva, Taxi pour Babylone, L’Amérique…). Matière première organisée par Pomerlo et André Perrier, qui assure aussi la mise en scène – on sait l’intérêt de ce dernier pour la langue poétique, lui à qui on doit en outre le mémorable Du pépin à la fissure, issu de l’oeuvre de Patrice Desbiens. "Il y a environ trois ans, explique Pomerlo, André est venu me trouver en me disant qu’il avait envie de monter un spectacle avec moi. Un nouveau projet autour du travail d’un poète, mais dont le choix n’était pas encore arrêté. Il se trouve que moi, je souhaitais depuis un moment plonger dans l’oeuvre de Daoust. Depuis que j’avais lu un de ses textes, en fait, durant une soirée de lecture au Marché de la poésie de Montréal. Je l’avais par la suite croisé quelques fois, et plus je parlais avec lui, plus j’avais l’impression de bien saisir son monde."
Si André Perrier connaissait le flamboyant poète, il avait peu fréquenté son oeuvre. Ce fut pour lui un coup de foudre, et les deux artistes se sont aussitôt mis d’accord sur la pertinence de lui consacrer une pièce. "Jean-Paul a un esprit très particulier, une grande intelligence, et autant il peut délirer ferme, autant il peut avoir une justesse, une acuité formidable quand il traite de douleur, de cruauté. Sur le plan scénique, ça ouvre toutes sortes de possibilités."
Jean-Paul Daoust, c’est entre autres un regard sur notre américanité, notre rapport au très friable rêve américain et à ses icônes. Un aspect de l’oeuvre, par ailleurs très large, qui sera particulièrement exploité ici. Un homme, J.P., revient d’un grand voyage dont la dernière étape a été New York. Là-bas, il est tombé follement amoureux de quelqu’un, et quand il rentre à Montréal, il attend impatiemment l’appel de cette personne. Qui ne vient pas. Différents personnages viennent alors habiter son esprit. "Ce sont un peu comme des revenants, indique Pomerlo, des personnages qui ont trop fait la fête, dégingandés, et qui viennent le confronter à sa folie, à son désir, à son besoin d’être continuellement dans des débordements de vie."
Marcel Pomerlo partagera la scène avec trois autres comédiens, Marie-Josée Gauthier, Harry Standjofski et Paul-Antoine Taillefer. Les mots tantôt déclencheront la danse, la chanson, la fête, tantôt feront écho à ce qu’il y a chez le poète de blessé, de vulnérable. Sans y être physiquement, Jean-Paul Daoust n’aura jamais été si présent sur les planches.