Rencontre Théâtre Ados : Jeunes pousses
Scène

Rencontre Théâtre Ados : Jeunes pousses

Le festival Rencontre Théâtre Ados fête sa 10e édition sous le thème Osez la création. Du théâtre multigenre sans compromis pour un public de plus en plus averti.

Unique en son genre, le festival lavallois Rencontre Théâtre Ados (RTA) draine depuis 10 ans un nombre de plus en plus important de jeunes spectateurs. Ils devraient être 7000 cette année. La manifestation, créée en 1996 par Pierre-Yves Bernard, Sarto Gendron et François Hurtubise, a l’ambition, pour cette édition plus encore que pour les précédentes, de les amener vers une forme de création exigeante, aux antipodes d’un théâtre de sous-genre. Le spectacle d’ouverture donne le ton: avec Bobby ou Le Vertige du sens, mis en scène par Ghyslain Filion, Louis-Dominique Lavigne, seul sur scène, évoque les angoisses d’un père face aux turpitudes de ses enfants. "Un point de vue intéressant pour les ados, qui sortent du spectacle émus par ce personnage, troublés", note Sylvie Lessard, directrice générale du festival.

Seul sur scène, lui aussi, Martin Dion incarne Léon le nul, dans une pièce mise en scène par Gill Champagne et portant sur le rejet, l’incompréhension des adultes et la construction de l’identité. Avec une thématique difficile, traitée sur un rythme lent, Léon le nul se situe "dans un registre très doux, poétique, loin de l’univers trépidant dans lequel évoluent les jeunes habituellement", ce qui redouble, selon Sylvie Lessard, son intérêt dans le contexte du festival.

Éclatée. Si la programmation fait la part belle aux thèmes sérieux, le RTA, fidèle à sa vocation de fenêtre ouverte sur toutes les formes de création théâtrale, joue la mixité des genres. Avec Rafales, coproduction franco-québécoise, se mêlent comédiens, jeux d’ombres et marionnettes; le Théâtre des 4 coins met l’ingéniosité scénique au service de l’imaginaire dans sa pièce Hikikomori; la compagnie Système Kangourou emprunte dans son spectacle, 40% de déséquilibre, autant au théâtre qu’à la performance. Sauts périlleux, chutes et cascades, "du théâtre très physique et très musical, très audacieux", selon Sylvie Lessard.

Et parce que le RTA veut aussi amener les jeunes à mieux comprendre les rouages de la création, le festival poursuit ses ateliers, animés par des professionnels. "On ne veut pas seulement que les jeunes voient du théâtre, on veut qu’ils en fassent", explique la directrice: ateliers de théâtre performatif, de trames musicales et sonores, de théâtre d’objets et de jeu masqué et… laboratoires, où ils apprennent comment se construit un spectacle en coulisses. De quoi faire naître des vocations!