Yaron Lifschitz : La tête dans les étoiles
Yaron Lifschitz est le directeur artistique de C!RCA, première compagnie australienne à être invitée à la Tohu. Avec By the light of stars that are no longer…, il nous invite à une expérience hors du commun pour les neuf ans et plus.
Trois gars, une fille. Le cirque n’a pas besoin de grand déploiement pour être grandiose. Au-delà de l’exploit physique, il peut se faire poétique et avoir une profondeur philosophique. Certaines compagnies nous l’ont déjà prouvé et c’est aussi le credo de Yaron Lifschitz qui a créé un spectacle sur le rapport de l’humain à l’univers.
"Pour moi, le cirque est le lieu de l’extrême", lance-t-il depuis Brisbane où il a pris la direction artistique de C!IRCA dans les années 2000 en se donnant pour mission d’innover par la lumière, le son et la vidéo tout en abolissant les frontières entre cirque et danse contemporaine. "J’étais intéressé par l’expérience de se tenir sous l’immense voûte d’une nuit étoilée et de se sentir à la fois infiniment petit et humain. J’aime les sentiments de fragilité, de tendresse et d’isolement que procure cette expérience. Elle relie les humains à travers l’espace et à travers les âges: j’imagine que les hommes des cavernes l’ont vécue comme les Chiliens, les Népalais ou les Québécois! Avec By the light…, j’ai voulu célébrer la difficulté d’être humain. Ça donne un spectacle très dynamique et extrême avec des séquences de beauté sublime et de grande douleur, comme dans la vie."
Pour créer l’atmosphère particulière d’une nuit étoilée, Lifschitz a conçu des éclairages en clair-obscur qui découpent la scène en zones de lumière éclatante et d’obscurité totale, créant des effets visuels qui altèrent notre perception des corps dans l’espace et compliquent le travail des artistes. Acrobaties, trapèze, tumbling, contorsion et "lancer de la fille" sont à la base du langage de cette oeuvre, que le directeur artistique qualifie de danse puissante. L’émotion qu’elle dégage est soutenue par une trame sonore minutieusement élaborée où Leonard Cohen, Sigur Rós, Múm et Arvo Pärt côtoient des sonorités très contemporaines.
"J’ai pris deux semaines de vacances pour écouter de la musique avant les premières séances de travail, explique-t-il. Quand nous avons commencé, j’ai fourni à chaque interprète un lecteur mp3 avec la bande sonore du spectacle; je leur ai demandé de l’écouter en regardant les gens dans la rue et d’être attentifs à ce qu’ils ressentaient." À notre tour de découvrir la puissance évocatrice de cet univers sonore et d’aller voir si le spectacle nous relie à l’infini.