La Vue d'en haut : Glissements de fortune
Scène

La Vue d’en haut : Glissements de fortune

La pièce La Vue d’en haut de James Long nous arrive tout droit de la côte pacifique et propose un scénario post-apocalyptique des Jeux de Vancouver 2012.

À l’occasion de la Scène Colombie-Britannique, le Théâtre la Catapulte co-accueille La Vue d’en haut, une production du Théâtre la Seizième de Vancouver. Dans le cadre de son programme de développement dramaturgique, la compagnie a commandé en 2005, en collaboration avec le Ruby Slippers Theatre, une pièce à l’auteur prisé James Long qui porterait sur un enjeu local. "On savait James capable d’un humour grinçant et d’un certain regard critique sur la société. On était séduits par l’idée qu’il n’ait jamais écrit pour une autre compagnie que la sienne, la renommée Theatre Replacement", d’expliquer le metteur en scène et directeur à la Seizième, Craig Holzschuh.

Traduite de l’anglais par Philippe Duclos, La Vue d’en haut brosse le scénario catastrophe de la métropole qui, en prévision des Jeux olympiques (ici en 2012), a relogé les laissés pour compte dans des abris de fortune, dans l’ombre de la colline des bien nantis. Or, des glissements de terrain causés par une pluie diluvienne incessante menacent de renverser les avoirs. On retrouve, dans ce contexte, le couple Marsha (Rachel Robillard) et Stuart (Joey Lespérance), qui appréhende le retour de son junkie de fils, Roland (Allen Morrison), échappé du "camp d’en bas" avec Trish (Samantha Madely) et leur poupon. Un dernier repas se prépare, dans la confrontation et l’instinct de survie.

"Le père de famille va tout faire pour sauver sa maison, convaincu qu’il fait la bonne chose… Cela renvoie à tout ce que les gens sont prêts à faire pour protéger leurs acquis. On voit bien en ce moment, en contexte de crise économique, combien les gens souhaitent sauvegarder la valeur de leur maison. C’est leur fond de retraite! Pendant ce temps, dans le Downtown Eastside, les gens croulent sous la pauvreté de la rue. On met des rideaux sur ces fenêtres et on ne regarde jamais par là", déplore le metteur en scène.

Au-delà de l’hypocrisie citoyenne, la pièce égratigne également la machine olympique, en évoquant des villes d’accueil telles Calgary, Turin ou Atlanta qui ont vécu des cas d’expulsions et de déplacements de population. "Ici, on vient d’annoncer que la police va fortement encourager les itinérants à aller dans les refuges prévus à cette fin. Ça veut dire quoi, "fortement encourager"? Ils n’auront pas de véritable choix! Il y a un côté pervers à vouloir montrer une belle ville propre", constate le metteur en scène, qui admet que la pièce a reçu un accueil mitigé à Vancouver, vu le sérieux de son propos. "C’est quand même une pièce très comique, malgré le sujet difficile", tient-il à préciser pour conclure.

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