Norman[n] Marcy : Corps sonores
Norman[n] Marcy, "metteur en scène du mouvement", utilise les nouvelles technologies dans Fluidengin pour nous offrir une expérience visuelle et sonore ébouriffante.
BAnG! de brut.. En donnant ce nom-là à la compagnie dont il est le directeur artistique, Norman[n] Marcy (qui rebaptise ici le Normand que nous avons connu) annonçait la couleur: son approche est énergique, portée par l’esprit rock qui l’a tant inspiré chez Édouard Lock dans les années 80. Après Twelve Naked Gueules, présentée à Tangente en 2006, il investit le Théâtre La Chapelle avec Fluidengin.
"Ce titre fait référence au moteur des relations mais aussi à la puissance qui ronronne sous la carrosserie et qui correspond à la drive que je veux aller chercher chez les interprètes, indique le créateur de 38 ans. Cette pièce est beaucoup plus colorée que la précédente. Je suis passé d’un esprit rock garage à une énergie plus indie rock. Il y a un peu d’ironie aussi."
Animale, viscérale et hautement dynamique, la gestuelle de Marcy puise aux sources du judo pour négocier un rapport au sol tout en souplesse et en enracinement. Entre chutes, roulades et rebonds, le mouvement est abordé comme une façon d’habiter l’espace et de s’y déplacer plutôt que comme un moyen d’y créer des formes esthétiques. C’est sans doute la raison pour laquelle l’ex-collaborateur de Voir préfère le titre de metteur en scène du mouvement à celui de chorégraphe. Dans cette nouvelle oeuvre, les grandes claques données au sol qui caractérisent sa signature sont exploitées en direct grâce à un logiciel de traitement sonore.
"Je travaille avec un institut de recherche qui possède un micro utilisé en cinéma pour un effet surround et un système d’enceintes 7.1, poursuit Marcy. J’utilise cette technologie pour développer une gestuelle sonore et faire en sorte que l’interprète, à certains moments, ne fasse pas que suivre la trame sonore mais qu’il participe à sa création en temps réel. En disséminant les speakers autour du public, je joue sur la subtilité du son plutôt que sur la quantité de décibels."
Influencé par le travail de laboratoire dont il a bénéficié au cours d’une des résidences Clash organisées par Lynda Gaudreau, l’artiste a choisi de donner quelques respirations tant sonores que gestuelles à son travail. Il oscille donc entre le calme et la tempête avec des tableaux minimalistes où il favorise le travail d’état et des séquences très énergiques où ses interprètes, six femmes et un homme, se déchaînent littéralement. Utilisé avec parcimonie, le traitement du son effectué en direct par Nans Bortuzzo crée des atmosphères oniriques dans lesquelles le geste résonne de son prolongement sonore.
"Si je devais donner une image très large de la thématique du spectacle, ce serait quelque chose comme une arche de Noé version sport dirigée par un cosmonaute", lance Marcy en riant, ajoutant dans la foulée qu’il préfère ne pas donner trop de clefs d’interprétation au public. "J’ai essayé d’éviter le piège de la théâtralité, qui énonce trop clairement les choses au lieu de les évoquer, pour aller vers un degré d’abstraction plus poussé, plus poétique, qui laisse plus de place au spectateur", dit-il pour conclure.
Consultez la page du Théâtre La Chapelle au www.voir.ca/lachapelle.