Sylvio-Manuel Arriola : Pièce d’archives
Sylvio-Manuel Arriola fait partie de l’équipe de création de ¡Viva Pinoshit!, où l’on remonte au Chili des années 70 pour réfléchir sur le système actuel. Documentaire théâtral.
Josiane Ouellet
En cette période de crise économique, ¡Viva Pinoshit!, de Catherine Dorion, propose une réflexion sur les fondements du système néolibéral, sur l’influence des grosses compagnies, en revisitant l’histoire du Chili. "Salvador Allende avait l’idée de nationaliser les grandes entreprises de son pays, mais les États-Unis n’aimaient pas trop ça parce que ça nuisait à leur leadership économique mondial", raconte Sylvio-Manuel Arriola. Résultat: "Le coup d’État du 11 septembre 1973, qui a été manoeuvré par la CIA, entre autres", rappelle-t-il, avant de remarquer: "Ce genre de décisions politiques dictées par des intérêts commerciaux est encore d’actualité avec l’intervention en Irak et en Afghanistan au nom du pétrole."
Détentrice d’une formation en politique internationale, l’auteure s’est d’abord livrée à un important travail de recherche. "Elle a recueilli plusieurs documents d’archives, comme des enregistrements de la CIA entre Kissinger et le président Nixon", poursuit-il, pour ensuite observer à ce sujet: "Notre défi était de prendre cette information et de la transformer en poésie théâtrale, de créer un univers symbolique à partir d’un matériau réel." Sur le plan de l’interprétation, par exemple, cet impératif se traduit par une manière de crescendo. "Au début, le jeu est un peu plus théâtral et, plus le show avance, plus l’épaisseur du masque diminue, illustre-t-il. On cherche à aller vers une vérité très forte."
Concrètement, la pièce se présente comme une série de tableaux visant à nous faire saisir qu’en se désintéressant de la politique, on consent "à la violation des droits humains et à la destruction de l’environnement", affirme le comédien. "Il y a des documents vidéo, audio et, parfois, on prend la liberté de les interpréter. Il s’agit de mots qui ont été dits, de personnages historiques qui ont existé, alors c’est criant de vérité, constate-t-il. Aussi, il y a des extraits de textes de gens qui réfléchissent sur la politique, sur la situation du système capitaliste présentement. Bref, ça ressemble à un petit cours d’histoire, mais avec des outils poétiques et théâtraux."