Peter MacLeod : Coudées franches
Scène

Peter MacLeod : Coudées franches

L’incorrigible Peter MacLeod regagne les planches avec plus de punch, d’irrévérence et – surprise! – de maturité.

Après un retrait prolongé de trois ans où il a surtout oeuvré derrière un micro de radio, Peter MacLeod renoue avec la scène en présentant MacLeod 3: Troisième Round. Dans une carrière humoristique, le premier spectacle solo permet habituellement d’installer un style, un rythme, une gymnastique; le deuxième tient lieu de réaffirmation, de reconquête, de renouvellement; qu’en est-il du troisième essai? "Durant mes 12 années de métier, j’ai grandi, j’ai vieilli, j’imagine que j’ai pris une certaine forme de maturité. Mes préoccupations ont changé… Dans le troisième spectacle, je me suis permis plus de jugements sociaux, mais la motivation demeure la même: faire rire les gens, les surprendre", étale le comique qui précise toutefois que maturité ne rime pas nécessairement avec sagesse. "Je suis plus corrosif que je ne l’ai jamais été", promet-il.

Parmi les observations sociales au programme de ce match de boxe musclé, MacLeod tisse sa toile autour des accommodements raisonnables pour décrire à quel point les Québécois se cherchent une identité et dénonce les travers d’une société de plus en plus molle. Son mantra: "C’est pu pareil comme avant!" Il en profite aussi pour faire un nostalgique de lui-même en allant fouiller dans son enfance, pour se magasiner une femme en ligne et pour chuchoter des mots doux à son public dans le noir.

Celui qui se dit nullement froissé par le traitement que lui réservent certains journalistes dénonçant son approche utilise plutôt cette carte à son avantage dans le spectacle en tentant de conserver son titre de "gars heavy". "C’est moi qui ai créé ce monstre, qui ai commencé mon premier spectacle debout sur la Terre avec un finger en disant: "Venez découvrir le monde selon MacLeod." J’ai provoqué cela et je vis bien avec."

À ce propos, l’humoriste se remémore une soirée passée en compagnie de Pierre Falardeau – qui apprécie beaucoup l’humour du blondinet – où il y était allé d’une comparaison qui avait bien fait rire le cinéaste. "Je suis un peu comme le sex shop de l’humour. Il n’y a jamais personne qui va dans ces boutiques, mais elles vendent pour des milliards par année. C’est la même chose pour moi: les gens n’en parlent pas, mais ils viennent voir mon spectacle!"

Celui qui fait une métaphore avec la boxe à ce troisième tour de piste explique le choix de ce sport, qu’il a déjà pratiqué: "Dans la boxe, les adversaires vont s’observer, s’étudier et au troisième round, ça rentre très fort. Mes premiers spectacles étaient mes cartes de visite et au troisième, les gens sont prêts, ils savent que je peux les mettre K.-O. Je peux me faire "knocker" aussi (rires)", conclut-il.