Rage, de Vicky Côté : Poussée par la rage
Après avoir colporté Les Immondes à Montréal, la Baieriveraine Vicky Côté, tout sourire, revient nous présenter sa nouvelle production: Rage.
"Ça arrive autour de nous. Il suffit d’être attentif", explique Vicky Côté dans l’atmosphère bruyante d’un café de la rue Racine. Ce samedi-là, elle n’avait pas vu beaucoup le soleil, enfermée dans la salle Murdock du Centre des arts et de la culture où elle faisait les dernières retouches à son tout nouveau spectacle intitulé Rage. Jetant un coup d’oeil par la vitrine pour voir la vie grouiller sur le trottoir, elle continue: "Ça se passe autour de nous. Ce sont des situations qui sont là, mais quand on les montre, elles sont encore plus frappantes." En fait, c’est tout son processus de création que Vicky Côté résumait ainsi: observations souvent spontanées, notes, dramatisation, mise en scène.
Avec ce nouvel essai théâtral, l’artiste qui nous a donné 15 Vies sur tapis rouge, Sônô et Les Immondes continue sa longue exploration de l’âme humaine, déjà fort bien entamée avec ses précédentes productions. Cette fois, elle a poussé plus loin ses recherches, traitant des rapports de force entre les individus pour s’intéresser plus particulièrement au phénomène de la colère, à ces instants de déroute lors desquels on s’abandonne jusqu’à en être hors de soi.
En fait, de son propre aveu, dès le départ, c’est la rage qui aura été le moteur de son travail créatif: "C’est au-delà de la colère. La rage est à la fois un manque immense et une overdose. Il y a là quelque chose de particulièrement extrême. L’homme a une démesure étonnante, surtout quand on parle d’émotions. Il faut voir à quel point on peut exploser… Jusqu’où ça peut se rendre, tout ça…"
Comme c’est devenu pour elle une signature, Rage sera un spectacle de peu de mots. Associée à la nouvelle compagnie du Théâtre À bout portant, elle continue d’exploiter les possibilités d’un jeu très physique, s’adonnant à un théâtre corporel. "Même si je ne les utilise pas beaucoup dans mes oeuvres, j’ai un grand amour pour les mots, affirme-t-elle. Quand il y en a peu, il faut que ceux qui sont présents aient un fort impact."
Côté sera la seule interprète sur les planches, évoluant dans une bulle capitonnée, dans un univers paré contre tous les excès, prêt à subir les dommages collatéraux de toutes les pertes de contrôle. Toutefois, comme elle s’intéresse aux relations humaines, la magie du théâtre devra faire son effet. "Je suis seule sur scène sans vraiment l’être. On n’est jamais seul", glissera-t-elle dans la conversation avec philosophie. À ses côtés, pour la création du spectacle, auront d’ailleurs évolué Sara Moisan à la mise en scène, Jessyka Maltais-Jean aux éclairages, Stéphane Boulianne à la sonorisation et Stéphan Bernier aux costumes.
Même si le sujet choisi par la dramaturge peut sembler plutôt sombre, Vicky Côté considère toujours l’humour comme un langage universel, s’appliquant à désamorcer le fait divers plutôt banal de chacune des colères pour faire vivre au spectateur un aller-retour émotif souvent troublant. "J’ai toujours aimé le rire jaune. Tu ris de voir les autres, mais en même temps, tu te reconnais un peu là-dedans."
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