Les 7 doigts de la main : La vie après la mort
Scène

Les 7 doigts de la main : La vie après la mort

Les 7 doigts de la main font un retour en force avec La Vie, un spectacle pour adultes qui a déjà exalté les publics de New York, de la Nouvelle-Zélande et de Montréal. On en parle avec deux des membres fondateurs, Isabelle Chassé et Sébastien Soldevila.

Il était une fois sept passionnés de cirque plus que talentueux qui s’étaient illustrés dans de prestigieuses compagnies et avaient raflé, aux quatre coins de la planète, de nombreuses récompenses. Désireux de devenir un peu plus maîtres de leurs vies, ils se libérèrent de la houlette des metteurs en scène et des grandes compagnies pour fonder un collectif, répondre à la volonté de créer ensemble un cirque à leur image, en résonance avec leurs vies et avec l’air du temps.

Dans Loft, leur toute première création, Shana Carrol, Isabelle Chassé, Patrick Léonard, Faon Shane, Gypsy Snider, Sébastien Sodevila et Samuel Tétreault mêlaient cirque, danse et théâtre en s’interpellant sur scène par leurs propres prénoms.

Dans La Vie, le spectacle que Les 7 doigts s’apprêtent à dévoiler aux Ottaviens, on trouve, aux côtés de l’extravagant maître de cérémonie que Soldevila incarne, un ex-PDG de compagnie aérienne, une secrétaire, une hôtesse de l’air, une folle et d’autres personnages du quotidien. Tous ont été définis et choisis au fil des rencontres qui ont mené à l’élaboration collective du scénario. À sept, le processus de création s’avère plus long mais également plus riche. Il aboutit à des spectacles éclectiques dont chaque élément a été défendu face au groupe, avant d’être intégré puis peaufiné.

"Le fait qu’on soit tous metteurs en scène, chorégraphes et directeurs artistiques nous donne la liberté de faire évoluer nos spectacles au quotidien", déclare la contorsionniste Isabelle Chassé.

Après Loft, il y a eu Traces, mis en scène et chorégraphié par Carrol et Snider, et interprété par de tout jeunes artistes. Deux succès retentissants qui ont même été simultanément à l’affiche d’un festival en Nouvelle-Zélande. Avec La Vie, tous s’accordent à dire que la compagnie atteint un stade de maturité. "Avec notre premier spectacle, on a vraiment mis nos tripes sur la table, mais on n’avait aucune idée de la façon dont le public réagirait, se souvient Chassé. La Vie reflète bien la confiance qu’on a gagnée au fil des créations, en ce sens qu’on prend plus de risques que jamais, on va vers des terrains inconnus, il y a beaucoup plus de texte et un humour beaucoup plus adulte, plus mature, je dirais même noir, qu’on n’aurait pas employé il y a six ans."

BIENVENUE AU PURGATOIRE

Résultat d’une commande de coproducteurs états-uniens, le spectacle a été créé pour être offert aux New-Yorkais, à 23 h, sous le pont de Brooklyn, dans un Spiegeltent, grand chapiteau de bois où, dès le 19e siècle, se donnaient des soirées-cabaret. Sensualité parfois torride, humour grinçant et ambiance cabaret colorent donc clairement ce spectacle qui, pour la première fois, raconte une histoire avec un début et une fin. "L’action se passe dans un purgatoire dont je suis une sorte de saint Pierre vicieux, explique Soldevila. Je suis le maître de cérémonie qui a accès à toutes les fiches des gens dont on raconte la vie et la mort et qui vont être jugés." Le public, d’emblée considéré comme la population du purgatoire, est régulièrement pris à partie.

Pièce de théâtre à part entière, La Vie n’en demeure pas moins un spectacle de cirque. Les numéros servent tous une action et chaque mouvement acrobatique a un mobile intellectuel au-delà de l’impulsion physique. Contorsion, chaînes et tissus aériens, main-à-main, diabolo, équilibre et autres acrobaties sont offerts par les divers personnages accompagnés par la musique de DJ Pocket, membre du collectif depuis 2002.

"Les arts du cirque sont quelque chose d’encore plus vivant que la danse: tu peux laisser échapper ta balle et devoir recommencer, il y a souvent un momentum qui demande que le spectacle reste très organique, affirme Chassé. C’est plus difficile avec une trame sonore figée. Un D.J. nous permet de voyager léger en gardant la même souplesse qu’avec un band, tout en ayant un son urbain très actuel." L’ajout de la vidéo à la création originale de l’été 2007 contribuera certainement à donner une dimension encore plus contemporaine à cette oeuvre qui traite de sujets universels et indémodables.

"Le spectacle porte à réfléchir, il rappelle qu’il faut vivre l’instant présent et mordre dans la vie parce que la mort est imminente, assure la jeune femme. Être proche de ses sentiments, de ses désirs et de sa sexualité, ça fait partie de la vie. C’est en ce sens que le sexe est utilisé dans le spectacle: pour éveiller les sens et donner le goût de vivre."