Théâtre Dérives urbaines : Polar en action
Le Théâtre Dérives urbaines récidive ce printemps avec son "morceau" Et si on tuait l’ennui?, présenté à l’Espace René-Provost.
Voilà cinq ans que le Théâtre Dérives urbaines présente à l’occasion de la fête des amoureux son événement Morceaux d’amour. Pour sa cinquième édition, la dynamique bande prolonge le plaisir en offrant sa dernière production en rappel, passant du cabaret La Basoche (où elle a fait salle comble en février) à l’Espace René-Provost.
Écrite par Luc Moquin et mise en scène par Mathieu Charrette, la comédie policière Et si on tuait l’ennui? s’inscrit dans une approche plus classique. Aux créations collectives des éditions précédentes, l’équipe de la compagnie théâtrale gatinoise a substitué un "morceau" unique, écrit à une seule main. "On avait envie de se faire plaisir", note la directrice artistique du Théâtre, Catherine Rousseau. "Ça demande beaucoup d’énergie d’avoir plusieurs morceaux écrits à trois têtes. On sentait qu’on ne pouvait jamais arriver à une finalité, bien que le théâtre soit toujours un work in progress."
Se faisant un devoir de lancer des défis à ses auteurs à chaque production, Catherine Rousseau en a un trouvé un à la hauteur du dramaturge bien en vue de la région. "Luc [Moquin] a un sens du comique incroyable, une écriture très fine. Or, il n’avait jamais exploré la comédie policière. Je lui ai demandé d’aller dans cette veine qui impose beaucoup de défis dans la structure de l’écriture, avec l’insertion des indices, les revirements de situation, etc."
Au sujet du genre dramatique, elle précise: "Au fil des années, on aime bien déconstruire les styles théâtraux, cinématographiques… On avait déjà exploré le style western, le vaudeville… On aime bien prendre des codes et s’en amuser un petit peu."
Contrer l’ennui
L’action de la pièce se déroule le 24 octobre 1929, à la veille de l’important krach marquant le début de la Grande Dépression. "La crise économique s’annonçait au moment de la commande du texte et battait son plein lorsque nous sommes arrivés aux représentations", de noter Catherine Rousseau. Dans ce climat de veille de tempête boursière donc, on retrouve cinq bourgeois qui cultivent l’ennui après un repas copieux et arrosé. Cherchant de quoi occuper leurs heures, ils énumèrent quelques scénarios: jouer à la cachette, prendre part à un bal masqué ou mieux: élucider un mystérieux meurtre! Un cadavre sera effectivement trouvé dans la pièce, menant le groupe à de farfelus quiproquos. "Comme dans un vrai Agatha Christie, tous ont des mobiles, des secrets, vont faire des révélations…" précise Mme Rousseau.
Aux comédiens déjà habitués du Théâtre Dérives urbaines et pressentis pour les rôles que sont Marc-André Charrette, Magali Lemèle et Richard Léger s’ajoutent ici Isabelle Lacasse et Jean-François Dubé. "Dans la région, il y a quand même un bassin limité de comédiens. Cette fois-ci, on a auditionné deux rôles pour donner la chance à des comédiens qu’on voit moins souvent sur scène", révèle la directrice artistique, qui se réjouit par ailleurs d’une première subvention du Conseil des arts et des lettres du Québec pour cette production. "Pour la première année, j’ai pu aller me chercher une scénographe, une costumière… Ça nous permet d’aller plus loin encore dans la démarche, puisqu’avant, nous faisions tout nous-mêmes." Outre le sixième Morceaux d’amour, le Théâtre Dérives urbaines a en chantier un projet de pièce pour adolescents – signée Luc Moquin – qu’il aimerait emmener en tournée dans les écoles secondaires de la région.
À voir si vous aimez / Huit Femmes de Robert Thomas, Partners in Crime d’Agatha Christie, le jeu Clue.