Transcanadienne, P.Q. : Mécanique générale
Avec Transcanadienne, P.Q., Stéphan Allard et Marie-Josée Bastien donnent un spectacle divertissant mais inégal et inoffensif.
Le pari de Stéphan Allard et Marie-Josée Bastien était de taille: construire un spectacle autour de notre fascination toute nord-américaine pour la voiture. En guise de colonne vertébrale à Transcanadienne, P.Q., une production du Nouveau Théâtre Expérimental, les deux créateurs de Québec, ici auteurs, metteurs en scène et interprètes, ont choisi les réminiscences d’un garagiste tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Le résultat est un spectacle à sketchs, une comédie amusante mais banale.
L’existence du garagiste en question, vous vous en doutez, a été jalonnée de voitures, des véhicules qui sont maintenant associés aux moments les plus significatifs de son parcours. Entre les quatre murs d’un garage des plus réalistes – le scénographe Jonas Veroff-Bouchard s’est surpassé dans les détails -, Allard, Bastien et Luc Senay redonnent vie aux souvenirs dudit mécanicien. Au début, les séquences sont courtes, le rythme soutenu, l’utilisation du véhicule sur roulettes qui se trouve au centre du plateau, ingénieuse. Les personnages sont drôles, les situations cocasses, caricaturales dans le bon sens du terme. On pense aux moins souffrantes de nos expériences de théâtre d’été. C’est sans conséquence mais divertissant. Puis, ça se gâte. Ça vole de plus en plus bas. Les scènes deviennent de plus en plus longues et de plus en plus prévisibles. On a droit à tout l’éventail des histoires de couples: premiers baisers, engueulades, vacances qui tournent au vinaigre, ruptures… Que du déjà vu. Si bien que le spectacle finit par nous laisser dans son sillage.
Malgré la minceur du propos, Marie-Josée Bastien est irrésistible. La talentueuse comédienne, diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 1991, auteure et metteure en scène à ses heures, expose ici, comme dans la relecture de L’Énéide par Olivier Kemeid (en reprise la saison prochaine!), son impressionnante polyvalence. En un claquement de doigts et avec autant de conviction, elle passe de la mère de famille névrosée à la pute qui a vu neiger. Allez-y voir.