Frédéric Dubois : La ville, la nuit
Scène

Frédéric Dubois : La ville, la nuit

Frédéric Dubois et son équipe nous interpellent: Où tu vas quand tu dors en marchant…? Et nous révèlent, dans une balade nocturne, un visage mystérieux de la ville, avec ses rêves, ses secrets.

Spectacle extérieur gratuit, Où tu vas quand tu dors en marchant…? prend des allures de cadeau. À l’occasion de son 10e anniversaire, le Carrefour international de théâtre, qui célèbre aussi son passage à l’annualité, nous offre un parcours théâtral singulier, à explorer en tout ou en partie, à l’endroit, à l’envers, comme une grande fête dans la ville. Après La Marea sur Cartier, l’an dernier, le Carrefour poursuit dans sa "volonté de sortir dans la rue, de prendre la ville d’assaut, pour vraiment s’inscrire à l’intérieur de la cité", explique Frédéric Dubois.

Le projet est né de rêves, de discussions entre Marie Gignac et Frédéric Dubois, qui assume la coordination artistique. Après avoir imaginé un parcours un peu fou, "hallucinant", avoue le metteur en scène, ces amoureux de Québec ont identifié six stations, les confiant ensuite à différents artistes. "On a choisi six lieux traçant un chemin de la haute-ville à la basse-ville. Le thème, c’est Québec, la nuit, pour qu’on voie la ville d’un autre oeil. Québec, on le sait, c’est une ville de fonctionnaires, où il y a beaucoup de banlieues; on voulait montrer le revers, les trucs qu’on dit moins, qu’on entend moins ou qu’on cache. Saint-Roch est le quartier pour ça, parce que c’est quand même le quartier chaud, le quartier avec un historique plutôt douteux par moments, et toujours un peu méconnu par une part importante de la population. L’idée, c’est d’en faire le moteur d’une certaine créativité et le centre d’un élan, artistique ou non."

"On a décliné l’idée de la nuit avec les concepteurs et ça a donné six thèmes: le secret (Jardins secrets, Véronique Côté, parc Lucien-Borne), les apparitions (Apparitions, Claudie Gagnon, parc Notre-Dame-de-Grâce), le sommeil (Dormance mécanique, Pascal Robitaille, allée centrale du boulevard Langelier). Ensuite, c’est le cauchemar, l’étrange: c’est ma partie, une visite en autobus (Avancez en arrière). Puis, c’est le Red Light, le tabou (Noctambleu, Sébastien Dionne, rue Saint-Joseph) et à la fin, La Noce (Harold Rhéaume, parvis de l’église Saint-Roch), qui va d’un mariage jusqu’à une danse populaire, parce que la nuit, on fait la fête."

Avec un spectacle extérieur, le metteur en scène et tous les artistes se "mettent en danger". On s’ouvre forcément à l’imprévu en jouant dehors. "J’aime cette façon de faire: ça te met dans une situation que tu ne peux pas gérer complètement, ça te pousse à aller dans des zones où tu ne vas pas d’habitude, à te dépasser. Donc, il y a quelque chose qui relève du happening, de la rencontre; c’est vraiment le théâtre dans l’instant présent."

Où tu vas quand tu dors en marchant…? invite à jeter un regard différent sur la ville, sur la nuit, à entrer dans un théâtre devenant expérience. S’y croisent liberté et imprévu, comme lorsqu’on cède au sommeil. "On a posé cette question parce que justement, quand on dort, y a quelque chose d’insolite qui s’éveille; on va dans un monde qui ne nous appartient pas…"