Philippe Lambert : L’envers du décor
La Licorne conclut une saison bien remplie avec J’aurais voulu être un artiste, un spectacle de courtes pièces produit par Les Collègues précaires et mis en scène par Philippe Lambert.
Le projet est né d’une idée de Philippe Provencher, cofondateur des Collègues précaires avec Marilyse Bourke. S’interrogeant sur l’aura qui entoure le milieu artistique, il a demandé à sept auteurs – Christian Bégin, Simon Boulerice, Jean Marc Dalpé, Nico Gagnon, Annie Girard, Maia Loïnaz et Stéphane E. Roy – d’écrire chacun une courte pièce montrant l’envers de la médaille.
"C’est un spectacle printanier, dont les gens devraient sortir avec le sourire, explique le metteur en scène Philippe Lambert. Les pièces sont différentes dans leur ton et parfois dans leur forme, mais elles ont en commun d’être réalistes, drôles et grinçantes. Ce sont des portraits où l’autodérision est très présente."
Nous croiserons ainsi, entre autres, une jeune comédienne prête à tout pour réussir, un producteur sans scrupules, deux comédiens sans emploi conduits au désespoir, un notaire qui s’improvise amateur de théâtre et un couple ayant une discussion vive sur la pièce qu’il vient de voir. Pour interpréter ces personnages colorés, les cofondateurs de la compagnie partagent la tâche avec Normand D’Amour et Geneviève Alarie. "C’est un spectacle d’acteurs avant tout, précise Lambert. C’est ce qui m’a tout de suite tenté, car j’aime beaucoup la direction d’acteur. Nous essayons d’aller dans la finesse, la vérité, de trouver la ligne juste pour ne pas tomber dans le cliché."
Après Coin Saint-Laurent, présenté à La Licorne en 2005 et 2007 et Semi-détaché, au Petit Théâtre DuNord à l’été 2007, Lambert en est à son troisième spectacle de courtes pièces. C’est à se demander s’il nourrit une passion particulière pour le genre. "J’aime les courtes pièces, mais c’est le hasard des projets qui me sont proposés qui m’a conduit à en monter plusieurs. Ici comme les autres fois, j’ai été séduit par les textes."
Le défi dans tout spectacle de courtes pièces, ce sont les transitions. "Le décor est minimaliste pour que les changements soient rapides. Nous sommes partis de l’idée d’un blue screen, cet écran bleu devant lequel les comédiens sont filmés et sur lequel on peut ensuite ajouter n’importe quel fond, comme un lieu où tout est possible. Nous y avons mélangé une sorte de mosaïque de photos glamour du milieu artistique, qui s’oppose à ce que l’on voit sur scène."
Le titre du spectacle, J’aurais voulu être un artiste, fait immanquablement penser à la chanson de l’opéra rock Starmania. La musique aura-t-elle une place particulière dans le spectacle? "Nous avons cherché des morceaux qui ajouteraient une parole aux changements de décors, explique Lambert, et nous avons fait des découvertes surprenantes. Certaines chansons feront écho à ce que l’on viendra de voir, d’autres prépareront la suite." Il nous promet notamment une version étonnante du Blues du businessman. Voilà de quoi éveiller notre curiosité!