Naomi Stikeman : En orbite
La danseuse et réalisatrice Naomi Stikeman s’est entourée d’artistes d’exception pour concocter Çaturn, un spectacle fait de cinéma et de danse qu’elle présentera à Danse Encore.
Quel lien y a-t-il entre les dinosaures, un salon de coiffure et le sens de la vie? Pour le savoir, il faudra tenter l’expérience que propose Naomi Stikeman, une ex-danseuse des Grands Ballets Canadiens et de La La La Human Steps se lance dans la fiction avec Çaturn.
"J’avais envie de raconter une histoire, mais je n’avais pas envie de laisser cette responsabilité à la danse, lance la Montréalaise d’adoption. Je voulais conserver la liberté que procure sa dimension abstraite. Alors j’ai créé des courts-métrages entrecoupés de chorégraphies qui sont les répercussions physiques de ce qu’on a vu à l’écran et qui influencent aussi la suite de l’histoire."
Réalisés avec le concours de Pierre Tremblay, les films suivent une trame narrative unique, découpant en tranches l’histoire d’une quête existentielle: Sophie (Stikeman) cherche à se situer dans le monde au moment même où son image s’efface de la mémoire de sa grand-mère, campée par Janine Sutto. Elle est appuyée par Chanel, propriétaire d’un salon de coiffure jouée par Frédérike Bédard, et par Julien, alias Peter Chu, également danseur et chorégraphe dans le projet.
"Çaturn fait allusion à Saturne, la planète de la transformation dont nous faisons mention dans le spectacle, commente Stikeman. Quand on en parle, on dit toujours "ça tourne", en référence au cinéma mais aussi en référence aux cycles de la vie. Parce que ce que je veux dire dans ce spectacle, c’est que tout est cyclique, que l’énergie ne se perd pas et ne se crée pas non plus, qu’elle ne fait que se transformer."
Sachant que la chorégraphe Crystal Pite est également de la partie, on se régale d’avance à l’idée de retrouver le comique et la dramaturgie propres à ses créations. "J’ai voulu souligner la dimension surréaliste et magique du projet en demandant à Crystal et Peter de créer les chorégraphies autour de perruques différentes", explique la jeune femme. Éléments importants de la scénographie, ces extravagantes coiffures aux allures de sculptures sont le fait du maître perruquier Richard Hansen, que l’artiste a rencontré grâce à son conseiller artistique et mentor, Robert Lepage.
"Robert est la première personne à qui j’ai parlé de mon projet, raconte-t-elle. Quand je lui ai demandé s’il pourrait me conseiller, il m’a dit: "Vas-y! Plus tu vas avancer et plus je vais savoir de quelle façon t’aider." Il nous a donné beaucoup d’idées pour le film et pour la scène."
Et comme si la brochette de créateurs n’était pas assez belle, on y ajoute la très subtile Lucie Bazzo aux éclairages, les compositeurs Richard Reed Parry (Arcade Fire) et Matthew Banks, et l’ingénieux Alexander MacSween à la conception sonore.
Enfin, saluons notre Céline nationale pour avoir contribué indirectement au développement de la danse contemporaine en engageant Stikeman comme danseuse dans le spectacle A New Day. Car c’est en profitant de la généreuse rétribution et des nombreux temps libres offerts par son contrat qu’elle a réalisé son premier film et développé le projet Çaturn. Une manière efficace de parvenir à ses fins.