Projet Rideau : Ottawa en polaroïds
Scène

Projet Rideau : Ottawa en polaroïds

La production théâtrale "co-lingue" Projet Rideau sort le public de son confort habituel en présentant six courts textes ciblés, en plein coeur du Marché By d’Ottawa.

Exit les sièges rembourrés des salles de théâtre climatisées. Le Théâtre la Catapulte, en collaboration avec le Magnetic North Festival et les Zones théâtrales, révèle une facette insoupçonnée d’Ottawa avec six pièces originales. Le processus de création s’intéresse aux lieux inusités et aux lieux communs, en y jetant un éclairage nouveau. "Deux images caractérisent normalement Ottawa: celle de la capitale, parfaite, proprette, historique, avec beaucoup de vernis, et celle de la ville politique. Pourtant, les artistes qui habitent ici ont souvent d’autres perceptions de cette ville", explique le directeur artistique de la Catapulte, Joël Beddows, qui chapeaute le projet fortement inspiré du roman La Peau d’un lion de Michael Ondaatje, dépeignant un Toronto inédit.

Autre élément au coeur du processus: s’intéresser aux milieux théâtraux ottaviens en mariant les communautés théâtrales francophone et anglophone. "Parallèlement à ce projet, j’ai commencé à travailler en anglais. J’ai découvert un tout autre réseau d’artistes. Leur mode de fonctionnement et leur démarche artistique m’ont fasciné, de commenter Beddows, metteur en scène maintes fois récompensé. J’ai découvert un creuset extraordinaire: faire travailler ensemble des gens aux normes esthétiques différentes pour raconter les histoires d’une ville qu’ils partagent."

À la suite d’un appel lancé aux auteur(e)s résidant à Ottawa, six dramaturges – trois francophones, trois anglophones – ont été retenus. "Du nombre, des anglophones travaillent en français et des francophones travaillent en anglais. Il y a des artistes seniors jumelés à des artistes juniors. Je voulais créer un grand laboratoire public", illustre M. Beddows.

En plus de la contrainte du temps – le texte ne pouvait pas excéder 20 minutes -, la pièce devait avoir pour point d’ancrage le lieu spécifique où elle serait créée. "Le Marché By a été retenu pour qu’on arrive à tracer un circuit. Le centre-ville nous interpellait. On a interdit aux auteurs de nous faire une minute du patrimoine ou de nous raconter un fait linéaire historique", précise le directeur artistique, qui a ensuite fait la sélection des metteurs en scène en s’assurant de leur confier des textes aux esthétiques éloignées des leurs. "La pluralité est mise de l’avant. Ce sont six polaroïds, six visions, six snapshots inspirés par des lieux publics d’Ottawa. Il n’y a pas de fil conducteur. Cela résulte en un lieu de confrontation entre des modes de fonctionnement."

Déverrouiller Ottawa: les six clefs

Le solo Rebut (Dismissed) de Sarah Migneron, campé dans l’allée entre la Cour des arts et la prison, relate la bataille d’une sans-abri pour obtenir de l’aide, une oreille, une bouchée de pain, pour combler sa faim inassouvissable. Joël Beddows y dirige les comédiennes Tania Lévy (en v.a. au Magnetic North) et Maxine Turcotte (en v.f. à Zones théâtrales): "C’est un monologue extérieur-intérieur féministe", résume Beddows.

Cercles polaires de Michel Ouellette marie les récits de Roméo et Juliette et d’En attendant Godot dans une histoire surréelle comprenant un ours polaire. Présentée à la cour Jeanne-d’Arc, la pièce met en scène Benjamin Gaillard et Annie Lefebvre, sous la direction d’Elif Isikozlu.

Bison mystique, un western carnavalesque de Luc Moquin, prend d’assaut le pont Plaza et réunit les comédiens Marc-André Boyer, John Koensgen, Magali Lemèle et Michel Sauvé, dans une mise en scène de Kevin Orr. Deux cowboys croisent le chemin de l’ex-aubergiste Gertrude et du prêteur sur gages Big Bill, dans leur quête pour trouver le bison mystique, tel que prescrit par un chaman amérindien.

La célèbre araignée Maman du MBAC abrite Pour les touristes (Tourist Things) de Patrick Gauthier, présenté en version anglaise dans une mise en scène de Jean Stéphane Roy. Cette histoire d’amour singulière et improbable entre une personne "locale" et un touriste est défendue par John Doucet, Julian Doucet et Andrée Rainville.

Présentée au Centre de conférence, Peace, Land and Bread de John Ng raconte une partie de l’histoire du bureaucrate et espion russe Igor Gouzenko. Cette mise en scène de Benoit Roy réunit les comédiens Nicolas Di Gaetano, Margo MacDonald et Andy Massingham.

Enfin, The Rhyme of the Nicolas Street Goal de Pierre Brault prend pour domicile la cellule de la Cour des arts pour exposer l’histoire du dernier Canadien ayant été condamné à la pendaison. Avec Simon Bradshaw, Todd Duckworth, Richard Gélinas et Kate Smith, sous la direction de Natalie Joy Quesnel.

Dans le cadre de la troisième édition de Zones théâtrales, du 14 au 19 septembre 2009 à Ottawa, Projet Ottawa offrira quatre des textes en version française et deux autres en version anglaise.

www.magneticnorthfestival.ca