Roberto Benigni : Entre ciel et terre
Scène

Roberto Benigni : Entre ciel et terre

Pour louanger la beauté et parler de la vie, Roberto Benigni a invité Dante à lui donner la réplique. Avec Tutto Dante, présenté chez nous grâce à Juste pour rire, l’Italien souhaite émouvoir sans réserve.

Le comédien Roberto Benigni s’impose, avec ce ton franc dans la voix qui le caractérise, défend son univers, bien personnel, avec une énergie contagieuse. On pourrait croire qu’il s’agit d’exubérance, mais pour lui, c’est une façon de voir la vie. Depuis 2006, il présente son spectacle Tutto Dante à travers l’Europe. L’Italien le plus connu après Berlusconi, selon ses dires, se délecte d’un succès qu’il n’aurait jamais cru possible.

"Je voulais revenir sur scène avec La Divine Comédie de Dante, commente-t-il, parce que j’aime voir les gens et les toucher, mais je veux aussi leur présenter la "chose" la plus belle qui soit. Et alors, ensuite… le public, il est venu me voir par milliers! Les gens se sont précipités au spectacle! Inouï! C’était inimaginable. Parfois, c’est comme si j’étais en face d’un public de concert rock! Je me sens comme Johnny Hallyday, tu vois?! La seule différence, c’est que les gens, ils me demandent de chanter Dante!" Roberto Benigni ne fait pas dans la demi-mesure. L’artiste s’est plongé dans un spectacle qui fusionne l’humour et la performance avec une lecture de l’oeuvre mythique de Dante qui comble la deuxième partie du spectacle. Pour lui, voir les gens s’émouvoir à l’écoute de La Divine Comédie est un miracle. "Je crois aux miracles parce que l’existence elle-même est un miracle", souligne-t-il.

"Dans ce spectacle, les gens sont en face du mystère de la poésie. La poésie, elle passe à travers la beauté. Elle nuance la vie et nous offre des choix. C’est un grand voyage au plus profond de notre âme et de notre esprit. Mais je ne suis pas un professeur. Je suis avant tout un homme de spectacle. En choisissant le cinquième chant, celui de la luxure, du sexe et de l’amour, le message de Dante est clair: si nous trahissons l’amour, nous passons à côté de la vie. Et Dante n’était pas un prêtre, c’était un homme comme tous les autres. Il a vécu. Il aimait les femmes! Il nous connaît et il nous voit tels que nous sommes. Moi, quand j’étais jeune, je lisais Dante et je lui parlais. J’avais le goût de lui téléphoner pour lui demander s’il était libre demain soir pour souper. Comme un ami! Pour parler de la vie. C’est ce que j’aime reproduire, maintenant, sur la scène. Cette relation que j’ai cultivée avec Dante."

Celui qui a écrit et réalisé La vie est belle n’en démord pas: être un comique, c’est aussi une mission. À ses yeux, seul un comique peut véritablement parler de la mort. "Aujourd’hui, on ne parle plus de la vie. De toutes ces choses qui la composent: l’espoir, la mort et l’au-delà. Je crois que c’est un besoin fondamental et les gens le sentent. Dans la première partie du spectacle, je parle des temps modernes, de nous au présent. Après, je vais dans le Moyen Âge avec Dante. Mais on pourrait dire le contraire. Il me semble que je parle du Moyen Âge lorsque je parle de notre temps."