Un violon sur le toit : Tradition
Avec Un violon sur le toit, Denise Filiatrault propose un divertissement agréable mais sans grande personnalité.
La metteure en scène Denise Filiatrault a répété qu’elle montait Un violon sur le toit à cause du livret, parce que c’est une bonne histoire. Vrai. C’est un bonheur de retrouver le bon Tevye (Martin Larocque), son abrupte femme Golde (Linda Sorgini), ses trois filles (Lynda Johnson, Émily Bégin, Émilie Josset) et toute la communauté d’Anatevka: des personnages attachants, placés au coeur de bouleversements tout aussi intimes que politiques, dont l’issue est irrévocable et donc tout à fait tragique. Les textes des dialogues et des chansons, peu subtils et peu poétiques, sont pourtant réjouissants et crédibles dans le contexte d’une comédie musicale, où l’on veut bien laisser de côté nos exigences dramaturgiques pour embrasser la musique et la fête.
Sauf qu’une lecture aussi terne que celle que nous présente Filiatrault a de quoi décevoir. Le spectacle divertit, et c’est son unique prétention, mais il n’éblouit et ne surprend guère. Tout est joué au pied de la lettre et rien ne témoigne d’une vision personnelle de l’oeuvre, ni d’une grande recherche. La metteure en scène a tenté de se rapprocher du contexte original de la production, de recréer avec respect l’atmosphère d’un village juif de la Russie tsariste, sans excès ni graves dérogations. Mi-figue, mi-raisin, de manière tout à fait politiquement correcte. Il ne faut peut-être pas en demander plus; ça suffit à nous faire croire à l’histoire. Mais, sans grands remous, on l’écoute d’une oreille désintéressée. Surtout qu’Un violon sur le toit, c’est une histoire de remise en question de traditions religieuses, un débat toujours vivant mais qu’on ne tient plus de la même façon et qui, présenté ainsi, paraît un peu poussiéreux.
Tout de même, les voix sont justes, la plupart des acteurs s’acquittent bien de leur tâche même si, de manière générale, ils ne sont pas assez colorés, pas tous à la hauteur de ces personnages légèrement caricaturaux qu’il ne convient pas de jouer en douceur. Frédéric Desager se démarque dans le rôle du boucher, avec un jeu plus physique et plus gros que ses partenaires, comme d’ailleurs Sylvain Scott dans le rôle du tailleur. Les chorégraphies de Monik Vincent, calquées sur la production originale, sont bien menées et rigolotes. On regrette beaucoup que la musique soit préenregistrée sans grands moyens, et par conséquent pas toujours mise en valeur.