Gypsy Snider et Veronica Melis : Sur la piste
Scène

Gypsy Snider et Veronica Melis : Sur la piste

Gypsy Snider et Veronica Melis signent les deux spectacles annuels de l’École nationale de cirque, Scène de crime et Rosso di sera qui, pour la première fois, seront donnés en alternance.

Agrémentés des animations extérieures assurées par les étudiants de première année, les spectacles de l’École nationale de cirque (ÉNC) figurent toujours parmi les temps forts de la saison circassienne. Cette année, pour permettre au public d’apprécier pleinement les deux spectacles mettant en scène les numéros d’une vingtaine de finissants, on nous les présente séparément. "Mon groupe comprend beaucoup de numéros aériens avec deux trapèzes ballants, un duo en trapèze fixe, les sangles et beaucoup de jongleurs, tandis que celui de Gypsy est plus un groupe de force", commente Veronica Melis, comédienne-danseuse, metteure en scène et conseillère artistique à l’ÉNC.

Dans Rosso di sera, qui offre aussi des numéros de main à main, de clown, d’échelle et de roue allemande, cette Italienne d’origine raconte l’histoire d’artistes expropriés de leur théâtre par des promoteurs sans scrupules et qui doivent composer avec une nouvelle réalité. "Cela fait écho à ce qui se passe mondialement avec les vagues d’immigration et à tous les gens qui doivent se réinventer à cause de la crise financière, affirme-t-elle. C’est aussi une façon de souhaiter bonne route à ces étudiants en rappelant que la force créative peut être une réponse à la violence qui habite ce monde."

Tandis que Melis suspend la narration pendant les numéros, Gypsy Snider a créé des personnages archétypaux pour chacun des finissants. Du trapéziste suicidaire à l’alcoolique qui s’est acoquinée avec un joueur compulsif, toutes sortes d’êtres un peu déviants viennent colorer la trame de Scène de crime. "C’est un numéro d’acrobatie très théâtral sur un banc qui m’a donné l’image d’un détective qui réfléchit et dont la pensée est tellement forte qu’elle l’entraîne dans un mouvement acrobatique, raconte la cofondatrice des 7 doigts de la main. Il cherche à comprendre ce qui a conduit au crime sur lequel il enquête et le spectacle est une illustration de ce qu’il imagine. J’ai pris l’essence de tous les numéros et j’ai changé les musiques et les atmosphères pour les amener à un niveau cinématographique." Mise en piste avec la collaboration de la chorégraphe Estelle Clareton, cette oeuvre présente aussi jonglerie, trapèze ballant et sangles aériennes, avec plusieurs numéros de main à main, une contorsionniste sur cerceau, un exercice au mât chinois et un numéro de banquine pour 22 personnes impliquant, comme à l’habitude, des étudiants de deuxième année.

"On constate chez les élèves un niveau de technique de plus en plus élevé et un potentiel d’expression déjà très important, commente Snider. Ce qu’ils font à l’École est déjà très osé artistiquement, ils sont passionnés et la seule chose qu’il leur manque est la maturité et la capacité de projection pour transmettre l’émotion au public." "Ils ont tous des qualités très différentes mais ils ont un imaginaire très poétique dans lequel je me retrouve, renchérit Melis. On sent déjà que certains sont des créateurs avec une vision artistique assez bien développée." Des artistes prometteurs et des propositions alléchantes.