19e Festival Fringe de Montréal : Les pieds dans la marge
Le 19e Festival Fringe de Montréal offre une cinquantaine de spectacles de théâtre. Voici six des productions francophones qui piquent le plus notre curiosité.
Commençons par Ce que personne n’a vu, première création du Théâtre Tamisé. Dans cette pièce qui aborde, un peu comme Cette fille-là de Joan MacLeod, le rejet et la violence en milieu scolaire, une jeune fille, Amélie, voit sa vie basculer à cause d’une rumeur infondée. "La chute d’Amélie n’explique rien, peut-on lire dans le dossier de presse. Elle n’offre pas au spectateur un schéma de l’intimidation ou des origines de la violence. Mais elle mène à réfléchir aux destins de ceux qui souffrent en silence, au pouvoir de la masse, à la fragilité de l’être humain." Précisons que les quatre créateurs et interprètes, Sabrina Casault, Guillaume Normandeau, Martine Montminy et Elisabeth Senay, se sont rencontrés durant leurs études en enseignement du théâtre à l’UQAM. Du 13 au 21 juin, au Théâtre La Chapelle.
DANS LE SALON AVEC LA CLEF ANGLAISE
Depuis 2007, avec leurs Pièces pour emporter, Les Néos font honneur au néo-futurisme, une méthode de travail qui "utilise pleinement la conscience et la créativité brutes de l’artiste". Plutôt que de tabler sur les habituelles conventions théâtrales, la représentation naît "de la vie des individus qui composent le collectif pour poser un regard franc, émotif et poétique sur l’Homme et sur le monde dans lequel il évolue". S’inspirant des personnages du célèbre jeu Clue, Les Néos livrent ces jours-ci Dans le salon avec la clef anglaise, un spectacle où ils dévoilent le criminel qui sommeille en eux. Pour la première fois, le collectif met de côté la courte forme pour créer une pièce de 55 minutes, mais toujours construite selon les règles du néo-futurisme. Du 13 au 21 juin, au Théâtre MainLine.
HUMANFLEISCH
Mise en scène par Eugénie Beaudry, la première production du collectif Le Laboratoire s’inspire notamment de textes de Marius Von Mayenburg et Anna Seghers. Humanfleisch est une "réflexion sur la dégradation des rapports humains et sur le traitement médiatique des informations". Sur le ton de la dérision, la pièce "soulève le débat sur l’intolérance en transposant notre société dans un futur tordu et cruel". Dans un monde où le contact humain est un crime passible de la peine de mort, où le gouvernement est prêt à tout pour éradiquer le sentiment amoureux, la citoyenne 14-086 a décidé de se marier. Vous imaginez bien que la cérémonie ne sera pas de tout repos. Avec Enrica Boucher, Francis La Haye et Laura Lacoste. Du 13 au 21 juin, au Théâtre La Chapelle.
LE DESIR ATTRAPE PAR LA QUEUE
Le collectif éphémère Pretium Doloris monte Le Désir attrapé par la queue, une pièce en cinq actes écrite à Paris par Picasso du 14 au 17 janvier 1941, alors que la France vivait son second hiver de guerre, mais surtout, son premier d’occupation. "Guerre, froid, faim et pulsions façonnent l’imaginaire et la psychose de Gros Pied – peintre, sculpteur, auteur, homme torturé et animal amoureux – et alimentent les obsessions de toute une galerie de personnages aux sens en alerte, logeant (malgré eux?) au Sordid’s Hotel." Véronick Raymond met en scène ce texte "gigogne, à la fois intime et politique" en amalgamant théâtre, musique, bruits, photo, performance, friture et bien d’autres procédés. Avec Stéfan Perreault, Stéphanie Breton et neuf autres comédiens. Du 13 au 21 juin, au Cabaret Juste pour rire.
LES FEUX DE LA RAMPE
Les Productions Jeux de scène créent Les Feux de la rampe, une nouvelle pièce de l’Anglo-Montréalais Todd Stones. Ne partageant pas les valeurs capitalistes de son père, qui fait construire des condos sans se préoccuper des pauvres qui sont forcés de quitter leur quartier, un jeune Français entreprend d’écrire une pièce qui dénonce ces pratiques. Pour l’aider à écrire et pour s’assurer que son texte sonne vrai, le jeune homme décide d’embaucher un laissé-pour-compte du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Évidemment, ça tourne mal et le jeune héros est forcé de s’interroger sur les vraies raisons du conflit qui l’oppose à son père. La comédienne Marthe Turgeon dirige Pierre Lenoir, Mario Morin et Frédéric Nadeau. Du 14 au 21 juin, à la Mission Santa Cruz.
LOUIS, 25 ANS, CAPTIVE TROYENNE
Pour créer Louis, 25 ans, captive troyenne, les membres du Théâtre Point d’Orgue, quatre diplômés de l’UQAM, se sont donné de stimulantes contraintes. D’abord, un personnage, Louis, et plus particulièrement les anniversaires du jeune homme et son obsession pour sa mère. Ensuite, revisiter Les Troyennes d’Euripide. Puis, finalement, faire d’une réplique d’Hélène de Troie – "C’était moi et ce n’était pas moi." – un leitmotiv. Ariane Lacombe dirige Kathleen Aubert, Stéphanie Cardi, Émilie Cormier, Katherine Mossalim et Louis-Karl Tremblay. Sachez que la même équipe prévoit monter, au Bain St-Michel en octobre 2009, Les Troyennes revues et corrigées par Jean-Paul Sartre. Pour le moment, ils sont, du 12 au 21 juin, à l’Association portugaise. Bon Fringe!