Éponyme (fake-fiction) : Vérité ou conséquence?
Première création du collectif Le P.I.Q.U.A.N.T., Éponyme (fake-fiction) célèbre les artifices de la représentation et questionne le rapport à l’authenticité.
Aurélie Olivier
Photo : David Ospina
P.I.Q.U.A.N.T., cela signifie "Projet interdisciplinaire québécois utilisant les arts nécessaires à son travail". Dans le cas présent, les arts nécessaires, ce sont le théâtre, la danse, la musique, le mime, les jeux de cour de récréation et… l’effeuillage! Le spectacle commence en effet avec des interprètes en bobettes, et se termine avec des interprètes en bobettes. Entre les deux, des révélations, des leçons d’humilité, un concert muet et une reprise de Britney Spears. Entre autres choses, car les sept artistes – Marie Béland, Sophie Cadieux, Guillaume Girard, Hugo Gravel, Frédéric Lambert, Anne Thériault et Martin Vaillancourt – ont les idées foisonnantes!
Que choisissons-nous de dévoiler aux autres? Quelle part de vérité mettons-nous dans nos révélations? Les émotions vécues sur scène sont-elles réelles ou factices? Durant l’heure que dure le spectacle, les interprètes, de confidences en imitations, nous livrent de fausses vérités et de vraies faussetés. Ainsi, Frédéric Lambert révèle qu’il a 30 ans et qu’il n’a jamais dansé de slow, tandis que Guillaume Girard affirme qu’il suce le gras de porc au lieu de l’avaler et que Sophie Cadieux s’avoue workaholic. Tout se passe sur une scène vide – ce sont les arts qui sont nécessaires à leur travail, pas les éléments de décor! -, avec quelques tabourets placés sur les côtés, sur lesquels les interprètes s’asseyent de temps à autre pour regarder évoluer leurs camarades. Chacun à leur tour, entre deux sketches, tableaux, performances (appelez ça comme vous voulez), ils révèlent d’eux-mêmes une faille, un défaut, une blessure.
Artifice, supercherie ou authentique mise à nu? On peut essayer de faire la part des choses ou simplement se laisser porter par le charme qui émane de l’ensemble. Il est en effet très rafraîchissant de voir ainsi ces artistes rire d’eux-mêmes et de leur métier, et se jouer de nous et de notre crédulité. Et pour ceux qui veulent vraiment démêler le vrai du faux, qu’ils prennent garde aux quelques révélations qui pourraient bien leur être chuchotées à l’oreille.