Patrick Timsit : Seul contre tous
Scène

Patrick Timsit : Seul contre tous

Patrick Timsit se tient debout pour mieux se faire entendre. Place à l’homme seul qui voit le monde tel qu’il est.

Le cinéma a pris beaucoup de place dans la carrière de Patrick Timsit, mais la scène demeure encore pour lui une priorité. Du moins jusqu’en 2010, alors qu’il retournera à l’écriture. Avec son spectacle intitulé The One Man Stand-Up Show (Le spectacle de l’homme seul debout), le comédien s’affiche comme un homme en colère qui déboule sans interruption ses constats sur divers sujets sociaux. On pourrait dire qu’il touche aussi à la grande question politique; par contre, il s’abstient d’en faire une mission.

"Je suis plus dans le social que le politique, précise-t-il. Mais c’est vrai que maintenant, on constate que c’est la politique qui entre dans le social. Avec Nicolas Sarkozy, on l’a bien vu. On a là un président qui entre personnellement dans les dossiers, au cas par cas. Il projette l’image du roi qui protège son peuple et les opprimés. Pour nous, de monter sur scène avec un président comme ça à la tête du pays, c’est très inspirant. Ça alimente le spectacle, ça, c’est sûr. C’est quasi un coauteur."

Avec une présence très physique sur scène, le comédien français né à Alger ne se gêne pas pour exposer des sujets qui, en Europe, sont devenus polémiques. Bien entendu, l’immigration et le racisme en font partie, et l’artiste, sans vouloir faire dans la provocation, tente tout de même de désamorcer la question.

"Je ne sais pas si vous avez déjà vu ce drapeau d’un parti de droite en Suisse. Sur ce drapeau, on voit un mouton blanc qui chasse un mouton noir. C’est costaud quand même! Alors je me suis retrouvé sans le savoir dans le fief de ce parti. Je suis sur la scène et je fais ce numéro dans lequel je me déclare raciste et où je dis que la race que je ne supporte pas, ce sont les clowns. Et je déclare que les clowns, ce ne sont pas des gens comme nous, leurs godasses m’emmerdent, ils sont trop bruyants, ils se foutent des coups de pied au cul sans raison. Ils ne veulent pas s’intégrer, ces clowns! Et là, j’ai senti dans la salle une drôle de réaction. Il y avait des rires, timides, mais surtout une réflexion directe. Dans ces moments-là, on constate que le spectacle vient de prendre une définition particulière. Autrement, je n’aurais jamais eu l’occasion de leur parler."

Au moment où l’humoriste Dieudonné semble s’égarer avec des gestes d’engagement politique radicaux et qu’il s’affiche, en prime, avec Robert Faurisson (négationniste notoire), Timsit s’explique mal ce genre de comportement. "Inviter Robert Faurisson sur scène, c’est prendre un fusil avec de vraies cartouches! Si j’avais fait ça, j’aurais eu l’impression de ne plus faire mon métier. Il y a cette phrase qui dit: "Qui est complice de l’oubli est complice du crime. Qui participe à l’oubli parachève son oeuvre." Là, on n’est plus dans l’antisémitisme, on n’est plus dans le racisme, on est dans l’achèvement du processus qu’engage habituellement un dictateur. Mon métier, je l’exerce sur une piste. Comme un coureur automobile. On a une responsabilité physique lorsqu’on l’exerce."