Cirque du Soleil : Par quatre chemins
Scène

Cirque du Soleil : Par quatre chemins

Les Chemins invisibles, c’est quatre angles à explorer, quatre chemins à emprunter tout l’été avec le Cirque du Soleil… Mais c’est, d’abord et avant tout, une invitation à sonder les chemins de votre âme.

Ancienne caserne Saint-Nicolas, 18 juin, sous un ciel couvert de nuages. À quelques jours de la première de l’événement de rue Les Chemins invisibles, l’endroit, transformé en quartier général du Cirque du Soleil (échappant de peu à la démolition), grouille de toutes parts. Ici, des artistes, qui s’amènent dans un joyeux brouhaha – en rouli-roulant, sur échasses, en jonglant – après une répétition sous les bretelles de l’autoroute Dufferin, situées à quelques pas. Là, des couturières qui s’activent à peaufiner la centaine de costumes créés pour l’occasion. Partout, une fourmilière où techniciens, concepteurs et assistants travaillent sans relâche parmi les accessoires et éléments de décor, au son de l’envoûtante trame sonore composée par Francis Covan. C’est la caverne d’Ali Baba, l’envers du décor, la boîte aux trésors.

Pas de doute, l’ancienne caserne de pompiers, avec ses hauts plafonds et ses commodités, est l’endroit idéal pour le Cirque du Soleil, qui offre le plus beau des cadeaux à la population de la capitale, alors qu’il fête son 25e anniversaire: un événement de rue, gratuit, qui s’étalera sur tout l’été, jusqu’au début septembre. Avec la promesse de revenir pour encore quatre autres étés.

SONDEURS D’AMES

Bien sûr, fidèle à ses habitudes, l’institution au rayonnement planétaire offrira un spectacle haut en couleur, où le public pourra s’émerveiller des prouesses des 75 artistes de haut calibre qui y sont réunis – dont une cinquantaine provient de la région, de l’École de cirque de Québec, entre autres. Mais ce n’est pas tout.

On le sait, le Cirque n’a pas peur des défis, et l’endroit choisi en présente plusieurs, nous explique Jacques Méthé, producteur exécutif des événements spéciaux au Cirque: "Cet endroit comporte une infrastructure qui nous permet d’accrocher les éclairages et les acrobates, de faire des projections… Bref, c’est plein de possibilités et c’est un défi "installatif", comme le Cirque aime!"

Mais, au sein de la compagnie fondée par Guy Laliberté, les prouesses ne sont rien sans l’histoire, sans l’âme qui les anime. Cette âme, elle se trouve dans les yeux pétillants du concepteur et metteur en scène des Chemins invisibles, Julien Gabriel, un "maudit" Français, comme il se plaît à dire, qui est tombé amoureux du Québec – il y réside depuis cinq ans – et que le Cirque est allé chercher aux États-Unis il y a près de sept ans pour sa grande expérience du spectacle de rue et de l’animation. L’homme de la situation, quoi, qui a conçu "un événement improbable, au coeur de la ville. C’est un défi de prendre ce lieu et d’en faire un lieu magique, que les gens auront envie de se réapproprier", explique-t-il.

À l’origine du concept, trois tribus: celles des Sables, des Brasiers et des Brumes, qui partent d’un point différent de la ville pour cheminer vers le point central, situé sous les bretelles de l’autoroute, à l’îlot Fleurie. Là, elles trouveront les Embarrassants, les véritables vedettes de l’événement, ceux par qui tout commence. Le concepteur à l’enthousiasme contagieux explique: "Les Embarrassants sont ces gens qu’on ne veut pas voir, ceux qui sont sous les ponts, les laissés pour compte de la société. Il y a là un grand message social: contre les exclusions de toutes sortes et cette société moderne qui ne veut pas voir ces pauvres, ces fous, ces malades…"

C’est pourtant par ces indésirables qu’adviendra la magie. Les Embarrassants, tout de gris vêtus, anonymes et sans visage, découvriront des coffres en béton où se trouvent des masques; il s’agit de ceux des trois tribus, de leur identité perdue. "C’est comme s’ils ouvraient une boîte de Pandore, raconte le metteur en scène, qui va réveiller les autres tribus et les attirer vers les Embarrassants, par qui elles pourront résoudre l’énigme de leur origine."

GEOMETRIE VARIABLE

L’événement est conçu pour être vu plus d’une fois, d’un angle différent: du point de vue d’une des trois tribus, et du point de vue de l’arrivée, où se trouvent les Embarrassants. "Le public peut vraiment s’attendre à une surprise! C’est très différent des productions en salle ou sous chapiteau, il n’y a pas de place pour s’asseoir. On propose aux spectateurs quelque chose qui peut leur plaire plus d’une fois", explique M. Méthé.

"L’événement a lieu sous des ponts d’autoroute, l’autoroute étant un lieu très visible. Les Chemins invisibles sont ici ceux de l’âme et du coeur, et c’est ceux-là qu’on souhaite interpeller avec cet événement de rue", conclut Julien Gabriel. Comme quoi peu importe qu’on passe par quatre chemins, on arrivera toujours à la même destination…

Points de départ:
Tribu des Brumes: rue Saint-Dominique, entre les rues Saint-Roch et de la Reine
Tribu des Brasiers: intersection des rues du Pont et Saint-Vallier Est
Tribu des Sables: intersection des rues de l’Éperon et Saint-Vallier Est
Les Embarrassants: à l’îlot Fleurie