Frédéric Bélanger : En garde!
Visiblement à sa place aux commandes du Théâtre La Roulotte, Frédéric Bélanger met en scène Les Aventures de Lagardère, une adaptation du Bossu, fameux roman de cape et d’épée de Paul Féval.
Les enfants n’ont plus de secret pour lui. Il est lui-même papa de deux garçons, et depuis sa sortie de l’École nationale de théâtre, il n’a cessé de participer à des projets jeunes publics, tant à la télévision qu’au théâtre. La Roulotte a trouvé en Frédéric Bélanger un fier ambassadeur, et aussi la personne idéale pour ramener ses administrateurs à l’ordre en cas de fausse route.
Explication: cette année, quand il s’est fait proposer de monter un Molière, il a vite rabroué la proposition. "Je leur ai dit que Molière, j’ai déjà donné, et puis je trouvais que les thèmes de jalousie et d’adultère des comédies moliéresques ne conviennent pas aux enfants. J’ai cherché une oeuvre colossale qui pouvait rejoindre un public familial. La cape et l’épée, pour moi, ce sont des souvenirs d’enfance. Je me souvenais d’avoir lu Le Bossu, de Paul Féval, à l’adolescence et d’avoir beaucoup aimé. Je l’ai relu, et puis j’ai revu le film avec Daniel Auteuil. Ça a confirmé mes impressions. C’était ce qu’il nous fallait."
Il s’est aussitôt plongé dans une adaptation. Il commence à en avoir l’habitude, après Le Chat botté l’été dernier, et bien d’autres adaptations de textes du répertoire qu’il a réalisées pour sa propre compagnie, le Théâtre Advienne que pourra. "Ça s’est fait comme un charme. L’adaptation est assez conventionnelle, je n’ai pas cherché à actualiser ou transformer le récit, qui est simple, efficace, et va droit au but. Il n’y a qu’un héros et un méchant, pas énormément de personnages, mais des personnages féminins très étoffés, ce qui me plaît beaucoup. Et j’aimais le fait que Lagardère soit un justicier héroïque; c’est un peu le Batman ou le Spider-Man de son époque."
Bélanger décrit l’oeuvre comme "un mélange entre Les Trois Mousquetaires et Le Comte de Monte-Cristo. Lagardère affronte le prince de Gonzague pour faire honneur à son maître, le duc de Nevers, et sauver son enfant. C’est un immense roman d’à peu près 750 pages, et chaque chapitre finit sur une intrigue à suivre, nous invitant à lire le chapitre suivant pour comprendre l’histoire. Une structure enlevante à la Harry Potter".
Avec ses acteurs (Patrick Dupuis, Alexandre Landry, Stéphanie Massicotte-Germain, Alice Pascual et Francis-William Rhéaume), tous finissants de l’École nationale de théâtre et du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, comme le veut la coutume à La Roulotte, Bélanger a un plaisir fou à orchestrer de trépidants combats d’épée. "On se demande même si on n’en fait pas un peu trop. Les combats sont très chorégraphiés, ultra-précis, et je prends vraiment mon pied là-dedans, mais je ne sais pas encore si on va tout conserver. J’ai peur que ça soit parasitaire, je ne veux pas que ça nous éloigne du récit. Mon mandat, ce n’est pas de renouveler le genre ni de me perdre dans une lubie esthétique, c’est de créer un divertissement de qualité et raconter une histoire aux enfants, de leur donner la piqûre du théâtre." Tout de même pas une mince tâche.