Gaétan Gingras : Rituel sacré
Scène

Gaétan Gingras : Rituel sacré

Le chorégraphe mohawk Gaétan Gingras propose Mémoire de sang dans le cadre du programme de danse contemporaine autochtone présenté lors de Danser avec les cultures, un hors-série du Festival Danse Canada.

Le danseur vétéran Gaétan Gingras a notamment oeuvré auprès des compagnies Eddy Toussaint de Montréal, Desrosiers Dance Theatre de Toronto, Carbone 14 et O Vertigo, avant de se tourner vers la création. L’interprétation du solo In the Land of the Spirit du chorégraphe autochtone John Kim Bell en 1993 marque un tournant dans la carrière du Drummondvillois d’origine. Celui qui n’a appris ses origines iroquoiennes qu’à l’âge de 14 ans part alors à la découverte de ses racines, en multipliant les visites sur des réserves. L’année suivante, il présente Sentier inconnu à Tangente et enchaîne ensuite les créations qui s’attardent à la culture de ses ancêtres. Ayant quitté momentanément la danse en 1998 pour des études en informatique – "le plaisir pour la danse n’y était plus" -, Gaétan Gingras revient finalement à ses premières amours en interprétant lui-même, après 10 ans d’absence sur scène, Mémoire de sang, un solo créé en mars 2008 pour la tournée Candanse. "Je voulais aller plus en profondeur dans cette idée de me créer des rituels, tout en les partageant avec un auditoire. Le rituel est tellement personnel, il n’est pas fait pour être vu. La danse, le chant, le conte faisant partie intégrante de la culture autochtone, j’ai voulu utiliser le rituel comme moyen de prière", explique le chorégraphe, joint par téléphone au Banff Centre, où il parachève une résidence d’artiste.

Pour la pièce Mémoire de sang, Gaétan Gingras souhaite rendre l’invisible visible. "Au fil de mes recherches, cet aspect spirituel – la présence des esprits des animaux, de la nature… -, c’est devenu très fort pour moi. Et quand je chorégraphie, je crée tout un monde invisible autour de moi. Alors, je ne suis pas dans une boîte noire lorsque je fais un spectacle. Je suis très souvent en nature, et je voyage dans le temps, je me retrouve avec mes ancêtres d’il y a 200 ans. Il y a toute une rêverie dans ma tête. C’est lorsque je danse que j’y ai accès; c’est comme être en transe. Je me sens alors proche d’eux."

Le chorégraphe s’accompagne sur scène de masques aborigènes traditionnels qu’il a conçus, sortes d’intermédiaires entre le monde physique et spirituel. "J’utilise trois masques en constante mutation et j’essaie de fois en fois de trouver qui se cache derrière. Ils représentent trois périodes de la vie: il y a l’enfance et sa naïveté, l’adolescence et sa quête du "moi", et il y a ma grand-mère [maternelle amérindienne]."

Le 26 juin dès 20h
Au Studio du CNA
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Danser avec les cultures

En guise d’entremets à l’édition biennale du Festival Danse Canada, l’événement Danser avec les cultures offre, du 25 au 28 juin, une célébration de la diversité en danse contemporaine. En plus des rencontres, des discussions sur différents enjeux multiculturels et du forum intitulé Danser parmi, l’événement propose deux spectacles en salle. Le 26 juin, un programme de danse contemporaine autochtone réunira au Studio du CNA le chorégraphe québécois Gaétan Gingras et, de Vancouver, le chorégraphe Byron Chief-Moon, ainsi que le Red Power Squad. Un gala, dans le cadre de la Journée multiculturelle au Théâtre du CNA le 27 juin, réunira les oeuvres de Peter Chin, de Menaka Thakkar et Natasha Bakht (Menaka Thakkar Dance Company) et de Patrick Parson (Ballet créole). Info: www.canadadance.ca.