Premières de classe : Épopée d'écolières
Scène

Premières de classe : Épopée d’écolières

Dans Premières de classe, Diane Lavallée et ses partenaires de jeu replongent dans les années 60 pour une atypique rentrée scolaire au Théâtre La Marjolaine.

Voyant les 50 ans de La Marjolaine arriver à vive allure (c’est pour 2010), Marc-André Coallier, le fier propriétaire de ce théâtre champêtre d’Eastman, a décidé d’effectuer un symbolique retour en arrière quant au choix de la pièce qui se jouera cet été sur ses planches. "J’en voulais une qui avait marqué la petite histoire de La Marjolaine", lance l’ancien animateur du Club des 100 watts. "Et je désirais ramener les filles sur scène. Les années passées, on a joué des pièces qui attiraient les hommes au théâtre: La Fête des Pères et 18 trous pour 4. Là, on revient au type de pièce que j’aime tout particulièrement présenter: drôle, avec de l’émotion, rien de vulgaire."

Avec ce descriptif, on pourrait croire que Les Nonnes (le grand classique de La Marjolaine) sont de retour, mais c’est plutôt sur un texte de Casey Kurtti, traduit par Michel Tremblay, que l’équipe a jeté son dévolu: Premières de classe. On y suit l’évolution de quatre jeunes filles lors de leur passage dans un pensionnat dirigé par des religieuses aux États-Unis dans les années 60. On n’échappe donc pas aux nonnes!

"Ça a déjà été joué ici il y a environ 20 ans, précise Coallier. C’est une belle pièce, touchante. La traduction de Tremblay fait qu’elle est encore d’actualité. Cette pièce nous parle encore." Les questionnements des jeunes filles à l’égard de la religion ponctuent le texte de Kurtti. "Au départ, les écolières gobent tout: Jésus, l’enfer, la communion, les sept péchés capitaux… Plus elles avancent dans les années primaires, plus elles mettent tout ça en doute."

MON POTE JÉSUS

La petite Elizabeth McCormick, l’un des personnages joués par Diane Lavallée, vit une crise existentielle à l’égard de son ami Jésus: est-ce qu’il existe vraiment? Ce n’est pas le moteur de la pièce, mais ça reste la grande question. "En première année, elle est très fervente, explique la comédienne. Elle croit en Jésus, respecte toutes les lois de la religion catholique. On suit son évolution auprès de ses camarades, mais son seul conflit, il est avec Jésus."

Les autres jeunes filles sont interprétées par Nathalie Coupal, Martine Francke et Caroline Lavigne. À tour de rôle, elles troqueront leurs habits d’écolière pour ceux de nonne au cours de la pièce. "Ma religieuse se nomme Maria Tomasina, raconte Diane Lavallée. Elle aussi suit les principes. C’est une bonne pédagogue, un peu sévère, mais juste." Sa plus grande crainte ? "L’école publique." (rires)

ÉVOQUER LE PASSE

Quatre fillettes campées par des comédiennes qui n’ont plus 20 ans? C’est un choix de casting qui s’explique bien selon le metteur en scène Yvon Bilodeau. "D’emblée, l’auteur nous donne la liberté de faire ce qu’on veut. C’est ce qui nous a amenés à faire appel à des comédiennes qui peuvent se souvenir de l’effervescence des années 60. Ça permet un retour en arrière."

"Dans l’écriture, c’est évident qu’elles n’ont pas l’âge des enfants, car elles vont parcourir plusieurs années durant le show, poursuit-il. Sur le plan du jeu, elles devaient pouvoir jouer des jeunes filles."

De toute manière, Premières de classe n’a rien d’un documentaire sur cette époque. "Le lieu ne sera pas réaliste. On va plus dans quelque chose de lyrique. Comme si ça se passait dans un souvenir", explique le metteur en scène. Ainsi, la notion du jeu sera mise en avant. En ce sens, les comédiennes se changeront à la vue du public et on ne fera que modifier l’angle des éléments du décor pour signifier une nouvelle rentrée scolaire.

Il sera toutefois fort important de saisir l’année durant laquelle les écolières évoluent, car la pièce est pleine de références historiques. C’est d’ailleurs un peu pourquoi le texte de Kurtti ne fut pas adapté pour le Québec. "Ça a été plus ou moins envisagé, mais ça aurait été un travail compliqué pour pas grand-chose, au dire d’Yvon Bilodeau. Les références sont à peu près les mêmes. De plus, il aurait été difficile de trouver un équivalent pour Martin Luther King au Québec. Ça marche très bien et ça nous donne une petite distance qui n’est pas désagréable."

Premières de classe ne sera pas la pièce à gros rires gras, mais c’est justement ce qui enchante Yvon Bilodeau. "C’est vraiment de la dentelle, avec plein de petits détails. Il y a beaucoup de vérité et le rire va venir de ça. C’est le propre de la comédie." Ainsi, nonnes ou pas, cette production est tout à fait dans l’esprit de La Marjolaine, véritable lieu sacré du théâtre en été.

À voir si vous aimez /
Les Nonnes, l’effervescence des années 60, les dialogues de Michel Tremblay