Boeing Boeing : Variations atmosphériques
Scène

Boeing Boeing : Variations atmosphériques

Un play-boy installé en France croit avoir trouvé le secret d’une vie amoureuse parfaite. Malheureusement, Boeing Boeing ne décolle pas aussi vite qu’espéré.

Pour sa toute première mise en scène, Serge Postigo s’attaque à un gros morceau de la comédie française: depuis sa création en 1960 par le dramaturge Marc Camoletti, le vaudeville a été présenté plus de 20 000 fois à travers le monde. C’est dire que le comédien, qui a également adapté et mis au goût du jour la comédie de situation, avait un gros défi sur les épaules. Un défi qu’il relève avec aisance, mais sans réinventer le genre.

Il va sans dire que Boeing Boeing répond à toutes les attentes de la comédie d’été, même si elle prend du temps à décoller et à trouver son rythme de croisière. Les quiproquos et calembours sont nombreux, les portes claquent à tous vents, le jeu des acteurs est nerveux et physique, le plaisir d’être sur scène, palpable. Aussi, dès qu’on fait la connaissance de Bernard (Pierre-François Legendre), architecte installé à Paris, Grace (Catherine-Anne Toupin), hôtesse de l’air américaine dévergondée et Berthe (Alexandrine Agostini), la bonne qui n’a pas la langue dans sa poche, on devine que le château de cartes construit par Bernard pour accommoder sa vie amoureuse périlleuse peut s’écrouler à tout moment. Ce que confirme l’arrivée inattendue de Robert (Serge Postigo, qui semble vraiment s’amuser dans le rôle du nigaud de service), un ami originaire de Saint-Hyacinthe que le play-boy a perdu de vue depuis belle lurette.

Mais qu’à cela ne tienne, dès que les deux autres fiancées de Bernard – Gwendolina (Marie Turgeon), une bouillante Espagnole à l’accent aguichant et Gretchen (Karine Belly), une tempête d’affection allemande – font leur entrée remarquée, on oublie le caractère prévisible du scénario pour savourer le chassé-croisé burlesque qui se déploie devant nos yeux.

Car la force de Boeing Boeing se trouve du côté du jeu fébrile des acteurs. La comédie physique va particulièrement bien à Karine Belly, excellente dans son rôle d’Allemande rustre qui use de tous les artifices pour montrer son affection à Bernard. Il faut préciser que Marie Turgeon et Catherine-Anne Toupin sont elles aussi très convaincantes dans leurs rôles respectifs, tandis qu’Alexandrine Agostini est parfaite en bonne sarcastique et désapprobatrice.