C’est notre chanson : L’amour est si fragile
Le Théâtre Hector-Charland se risque cet été à la comédie musicale avec C’est notre chanson, adaptée d’une pièce de Neil Simon. Un spectacle léger, sentimental et farci de clichés, mais réconfortant.
Pour faire vivre la tortueuse histoire d’amour entre une parolière et son compositeur, le metteur en scène Frédéric Blanchette a opté pour l’épuration et commandé à son scénographe Olivier Landreville un environnement très sobre. La scène est presque vide, à l’exception du trio jazz en fond de scène et de quelques éléments de décor amovibles. Au centre, un piano (parfois table, parfois voiture), quelques fauteuils et des murets évoquant l’appartement de l’un ou l’autre des protagonistes, le tout se profilant devant une toile peinte représentant New York et ses célèbres gratte-ciels. Pas très original, mais on les remerciera de nous épargner des décors fixes qui n’auraient pas convenu au caractère cinématographique de la pièce. La proposition permet des transitions simples et fluides, facilitant les nombreuses ellipses et laissant un maximum de place à la musique.
Les mélodies arrangées par Philippe Noireault, à partir de la partition musicale d’origine, et la traduction du texte par Yves Morin créent une sympathique et discrète ambiance jazz, toujours de bon ton. On ne peut pas en dire autant des textes des chansons, souvent d’une grande mièvrerie et d’une candeur désespérante, même s’ils remplissent bien leur fonction: pénétrer l’intimité des personnages.
DÉJÀ-VU
Et la fable? Une histoire d’amour freinée par le poids de relations antérieures et de névroses singulières, empêchant les tourtereaux de se livrer entièrement l’un à l’autre. C’est du déjà-vu, diront certains, et ils auront raison. La pièce laissera en outre de glace les spectateurs avides de rire bien gras, se destinant aux amateurs de comédies romantiques et à ceux qui se passionnent pour la complexité des relations amoureuses.
Luc Guérin et Catherine Sénart se risquent aussi à travailler une langue musicale, façonnée par une rythmique saccadée et un débit rapide. Un bel effort, et ce choix les éloigne d’un jeu trop psychologique, rendant les personnages légèrement plus archétypaux et donc plus comiques. Mais on sent qu’ils ne maîtrisent pas encore parfaitement cette langue, l’affectant d’une trop grande quotidienneté pour qu’elle ne les propulse vraiment en dehors d’eux-mêmes. Ça viendra sans doute pendant l’été.