On purge Bébé! : Parlons toilette
Scène

On purge Bébé! : Parlons toilette

Avec On purge Bébé! le Théâtre L’Instant se frotte au Feydeau dans sa forme la plus classique. Pari moyennement réussi.

Le Théâtre L’Instant et la municipalité de Chertsey s’unissent pour présenter une farce conjugale de Georges Feydeau. Mais entre le jour où le metteur en scène André-Marie Coudou s’est présenté au bureau municipal de son nouveau village avec le désir de s’impliquer, et celui où sa pièce a rencontré le public, les choses semblent être allées trop vite. Ce qui expliquerait le fait que le spectacle ait des allures brouillonnes, que la salle, une ancienne chapelle convertie en cabaret, manque de relief et que les éclairages soient ternes et uniformes. Le spectacle n’est malheureusement pas à la hauteur des standards du genre.

En montant On purge Bébé! sans l’adapter ou l’actualiser comme le font souvent les metteurs en scène québécois, Coudou risquait aussi d’égarer quelques spectateurs. Ici, les portes claquent, mais surtout, les pots de chambre et les seaux de toilette virevoltent, pendant que Bastien Follavoine, grand fabricant de porcelaine et parfait bourgeois français du début du siècle dernier, essaie de ne pas perdre la face devant son prestigieux invité.

AJOUTS INUTILES

Ce n’est pourtant pas là que le bât blesse. Il faut saluer l’initiative, car au Québec, rares sont les occasions d’être confronté à l’univers de Feydeau dans sa déclinaison la plus élémentaire. La savante mécanique comique qui y est à l’oeuvre est tout à fait appréciable, sans qu’il ne soit nécessaire d’appauvrir la langue ou d’ajouter bêtement des allusions à la culture populaire. Pour pointer la distance qui nous sépare du texte d’origine, Coudou a plutôt choisi d’y intégrer des chansons, à la manière de contrepoints ludiques et de regards amusés sur l’oeuvre.

Ce qui manque à cette production, dont la mise en scène est fort conventionnelle, c’est du rythme, élément fondamental de tout vaudeville. Et si les acteurs montrent bien qu’ils ont travaillé dans le bon sens, ils n’atteignent pas toujours le niveau d’énergie et la rapidité nécessaires au bon roulement de la chose. Dommage, car cette équipe (Luc Bouffard, Philippe Cyr, Aurélie Spooren, Camille Loiselle-D’Aragon, Abdelghafour Elaaziz et Coudou lui-même) s’investit pleinement et saura sans doute rectifier le tir en cours de saison.