Patrick Timsit : Premières amours
Scène

Patrick Timsit : Premières amours

Grâce au Festival Juste pour rire, Patrick Timsit, humoriste avant que d’être acteur de cinéma, dévoile aux Montréalais sa nature première. Le rendez-vous s’intitule The one man stand-up show (Le spectacle de l’homme seul debout). Échange.

Voir: Quel sens donnez-vous au titre du spectacle?

Patrick Timsit: "Il y avait déjà un certain temps qu’on me demandait en France si j’allais faire un one man show, du stand-up à l’américaine. Au fond, ce genre de rythme – balancer une phrase et avoir un rire au bout -, c’est celui que chaque comique rêve d’avoir. Quand j’ai traduit le titre en français, j’ai aimé ça parce que c’était plus psychologique. Il y avait un côté dignité humaine: être encore debout, avoir un propos, un discours, et surtout, faire rire. Je revenais 14 ans après, est-ce que j’avais encore quelque chose à dire? C’est la première question que je me suis posée. Puis: Qu’est-ce qui va sortir de ça? Est-ce que, comme moi, le public en a besoin?"

Pourquoi aviez-vous quitté la scène?

"Quand il a été question de participer à un casting pour La Crise, le film de Coline Serreau, on commençait vraiment à me connaître dans le spectacle. Des gens me disaient de ne pas faire ce film, que j’allais casser l’étiquette, qu’on ne saurait plus comment me juger. Heureusement, je ne les ai pas écoutés. Quand on lit un scénar et qu’il est bon à ce point, on tente sa chance! Au début, le spectacle, qui marchait de plus en plus, grâce au cinéma, me permettait d’attendre les scénarios. J’ai fait Un indien dans la ville et Pédale douce. Puis, le cinéma m’a happé et il a fallu que j’arrête la scène. D’année en année, je me disais que j’allais m’arrêter et écrire un nouveau spectacle. Puis, un jour, je me suis dis que si je ne le faisais pas maintenant, je ne le ferais jamais. C’est en le faisant que je me suis rendu compte à quel point ça me manquait. Le plaisir d’être sur scène était extrêmement fort!"

Est-ce que c’est la production théâtrale de L’Emmerdeur à Paris – deux saisons à guichet fermé – qui vous a redonné le goût de la scène en solo?

"En effet, revenir dans un spectacle vivant, ressentir cette énergie, ce fut un déclencheur terrible. Se sentir en forme aussi, physiquement. En plus, la réaction du public était incroyable. J’ai senti que c’était le moment de faire mon spectacle, que j’avais l’énergie pour le faire. J’ai donc commencé à écrire les textes avec Bruno Gaccio (Les Guignols de l’info) et Jean-François Halin (OSS 117), des types avec qui j’écris depuis 20 ans. Franchement, moi, ce que je voulais, c’était faire L’Olympia. C’était un rêve. On me l’avait déjà proposé et j’avais dû refuser. Quand on fait ce métier, on ne peut pas ne pas avoir fait L’Olympia! [Précisons que le rêve est devenu réalité en mars 2008.] Au début, je ne pensais pas écrire tout un nouveau spectacle. Mais au fil des représentations en province, on a écrit beaucoup plus que ce qu’on pensait, et de surcroit dans le bonheur."

Les Québécois vous connaissent par le truchement du cinéma; qu’est-ce qu’ils vont découvrir de vous en assistant à ce spectacle?

"Pour moi, c’est une nouvelle aventure qui commence. C’est extraordinaire d’arriver ici tout neuf. Qu’on ne me connaisse pas comme humoriste, c’est à la fois un inconvénient et un avantage. C’est pourquoi j’ai opté pour un best of. Je vais me présenter. C’est un premier contact après tout. Je ne veux pas commencer comme je commence en France. Je vais me permettre d’offrir des morceaux choisis qui vont amener un ton."

On dit souvent de votre humour qu’il est cruel, méchant, irrévérencieux, que vous osez dire tout haut ce que bien des gens pensent tout bas.

"Je ne suis pas dans la recherche de provocation. Si mon vocabulaire est cru, que mes propos sont violents, c’est que j’ai été moi-même heurté. Quand je suis heurté, je me mets dans la peau du personnage heurté. Autrement dit, ça heurte d’entendre ce que moi j’entends et qui me heurte. Soyons clair, tout cela est livré sur un mode comique, c’est-à-dire avec un rire au bout. Mais je dois avouer que j’aime aborder des sujets dangereux, aller le plus loin possible. Pour Montréal, je ne sais pas encore exactement ce que je vais choisir. Il y a certains blocs qui s’imposent, mais je veux m’imprégner de l’âme québécoise avant de faire mon tri. Chose certaine, tout ce qui est franco-français restera en France. À vrai dire, j’ai tellement de matériel que je peux fabriquer le spectacle avec le public, presque en direct. Je vais aussi avoir des conseils, notamment de la part de Jean-Michel Anctil."

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Patrick Timsit participera au Gala de Dubosc et Rousseau les 15 et 16 juillet.