Sac à sacs : Délire environnemental
Rocambolesque aventure que celle de Sylvain Primeau, directeur de la division des sacs de plastique chez Superplast, et personnage principal de Sac à sacs.
Le jour où son patron lui annonce qu’à cause de la soudaine popularité des sacs écolo, il dispose de deux jours pour sauver l’entreprise de la ruine, Sylvain Primeau se lance dans une improbable quête initiatique; un parcours fait d’amour, de balles de golf et de communion spirituelle avec une famille d’ours. Le tout sur fond de discours écologique puisque l’intrigue se situe au coeur d’un débat houleux sur les dommages du sac de plastique et du suremballage. Étrange arrière-plan pour une comédie estivale, certes. Mais rassurez-vous, il n’y a là que prétexte à enchaîner les situations loufoques, les différents registres de jeu et les dérapages narratifs. Rien de bien didactique.
Si l’intrigue dévie rapidement de sa trame originelle jusqu’à pasticher la fable de Boucle d’or et mettre en scène des ours parlants, la forme est tout aussi variée. Pour susciter le rire, l’auteur mise autant sur les relations conflictuelles et les inversions de rapports de force entre ses personnages que sur le comique de situation ou même le vaudeville (notamment dans une sympathique scène de cache-cache autour du lit), tout en ne se privant pas d’humour absurde, de dialogues indigestes empruntant au jargon de la publicité ou d’une langue bigarrée, perdue entre le québécois et l’anglais des affaires. Un vrai bordel.
On s’y perd parfois, avouons-le. La prémisse écologique, entre autres, apparaît bientôt lointaine et superflue tant elle n’a servi qu’à installer une intrigue délirante et labyrinthique. Quant aux blagues de sacs de plastique, elles s’essoufflent vite. Mais dans l’ensemble, on passe un moment agréable, et surtout, on est surpris. Les changements de décor sont ingénieux, la mise en scène de Philippe Lambert est efficace et fluide, les acteurs (Sébastien Gauthier, Luc Bourgeois, Louise Cardinal et Mélanie St-Laurent) multiplient les rôles et travaillent visiblement dans le plaisir… contagieux.