Un peu, beaucoup, passionnément… : Quand l'amour déménage
Scène

Un peu, beaucoup, passionnément… : Quand l’amour déménage

Pour la saison estivale, le Théâtre de Rougemont nous sert une histoire d’amitié-amour rafraîchissante, défendue par un sympathique quatuor. Lever de rideau sur Un peu, beaucoup, passionnément…

Oui, il s’agit d’une comédie estivale avec ce que cela comporte de légèreté. Sans toutefois tomber dans le vaudeville et sa farce pesante de premier niveau sur le cocufiage, les stéréotypes hommes/femmes ou la gestuelle trop explicite. Un peu, beaucoup, passionnément… dépasse de bien des têtes cette image réductrice et les thèmes éculés, épousant avec justesse la subtilité des sentiments amoureux dans un scénario actuel. Écrite par l’auteur américain Richard Baer, la pièce a été traduite par Michel Tremblay. D’où cet éclat savoureux.

DÉCLARATION À LA VITESSE GRAND V

Souvent, rien ne vaut le temps qui bouscule pour être confronté à ses véritables émotions. Et devoir ainsi annoncer ses intentions rapido. Herman, veuf sexagénaire, tente de trouver les mots et les arguments pour convaincre Christine, à la veille de déménager définitivement en Floride, de tout annuler. Récemment veuve elle aussi – et du meilleur ami d’Herman -, Christine connaît ce dernier depuis 30 ans. L’un et l’autre se vouent donc une amitié réciproque, les deux couples ayant jadis partagé de beaux moments. Mais Herman veut plus…

Si l’issue de cette histoire semble prévisible, cela n’a curieusement aucune importance. Car ici, c’est le chemin parcouru entre l’intro et la conclusion qui captive. Cet amalgame de sentiments pluriels, de paroles engageantes ou tranchantes qui va déferler sous nos yeux. Avec une Pierrette Robitaille en forme et pétillante et qui n’a pas son pareil en mimiques comiques. Pierrette aux mille visages, solidement appuyée par Normand Lévesque, avec sa voix chaude et suave. Un duo de métier réjouissant à souhait qui mène la négociation d’exaspérations en soupirs, de confidences en pas de danse. Avec bien des moments de franche rigolade. Le public a d’ailleurs ponctué plusieurs passages de salves d’applaudissements.

Les apparitions sporadiques de Donald Pilon et du jeune comédien Laurent Duceppe-Deschênes, en déménageurs, dosent le rythme et offrent elles aussi de belles réparties. On aurait peut-être aimé une finale plus "punchée" mais, comme on l’a dit, ce n’est pas tant la décision de Christine qui importe que le jeu du chat et de la souris que se livrent les deux amis de longue date.

Un peu, beaucoup, passionnément…