Hugues Frenette : Deuxième famille
Scène

Hugues Frenette : Deuxième famille

Cet été, Hugues Frenette en a passé du temps avec la bande du Théâtre Voix d’Accès: le soir à jouer dans Le Dîner de cons, le jour à diriger Un air de famille. Comédie intensive.

Récipiendaire du Molière de la meilleure comédie en 1995, Un air de famille d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri offre un terrain de jeu fertile aux comédiens, selon Hugues Frenette. Ce qui n’est pas pour lui déplaire puisque, étant d’abord acteur, il aborde son rôle de metteur en scène en privilégiant avant tout le travail sur l’interprétation, comme ce fut le cas pour Les Variations énigmatiques. Son mot d’ordre: enchaînement, enchaînement, enchaînement. "C’est ce que je privilégie, explique-t-il. Plus les enchaînements se succèdent, plus l’acteur prend de libertés et en vient à développer son propre personnage, ce qui crée l’illusion qu’il n’y a rien de plaqué, que lui et le personnage ne font qu’un."

Ainsi ont-ils découvert toutes sortes de subtilités, concernant, entre autres, la dynamique propre à chaque relation. "Même ceux qui auraient vu le film de Cédric Klapisch vont probablement assister à quelque chose d’original, dans la mesure où on n’a pas du tout utilisé la version cinématographique", avance-t-il, avant de reconnaître qu’une certaine parenté subsiste néanmoins, la matière première demeurant la même. "Il s’agit d’un condensé de vie, alors chacune des répliques a sa pertinence, son poids et sa résonance comique, observe-t-il. Les frères et soeur ne sont plus capables de se parler comme il faut, la mère a une emprise incroyable sur eux, le tiers des contradictions, des animosités, des frustrations ne sont pas réglées et ne le seront probablement jamais… Mais, étonnamment, ils se rencontrent quand même tous les vendredis."

On aura compris qu’un fossé se creuse ici entre les apparences qu’on tente de sauver et la réalité de rapports gangrenés. "Il y a l’humour de répliques délicieuses, la réaction qu’elles provoquent chez l’interlocuteur, mais le comique réside aussi dans le fait que les personnages choisissent délibérément ou non de ne pas dire la vérité, de ne pas dire les choses comme elles devraient être dites, ce qui crée des malentendus, des situations où ce qu’on dit n’est pas ce qu’on pense et je trouve ça particulièrement drôle", commente-t-il. Par exemple, un des fils, Henri, essaie de cacher que sa femme l’a quitté. "Il ment constamment et, comme il le fait maladroitement, c’est très amusant", précise-t-il.

Cela dit, contrairement au Dîner de cons qui ne cherche qu’à provoquer le rire, Un air de famille comporte également un aspect plus dramatique. D’où l’importance de trouver le ton juste. "Il y a certains passages que tu ne peux pas traiter à la légère, note-t-il. Par rapport au couple notamment, même si la façon dont ils se répondent est excessivement drôle, ou encore, une scène entre la mère et la fille amenant une certaine dose d’émotivité. Mais souvent, c’est désamorcé par quelque chose de comique qui arrive tout de suite après", conclut-il, en admirant une fois de plus la qualité de l’écriture.