Jocelyn Sioui : Le temps des pirates
Scène

Jocelyn Sioui : Le temps des pirates

Jocelyn Sioui et ses comparses du joyeux band de théâtre Belzébrute se lancent à l’abordage de Québec avec Shavirez, le Tsigane des mers, une aventure de pirates complètement maboule.

Un jour, alors qu’il participait à un événement médiéval grandeur nature, Jocelyn Sioui a eu l’idée d’un croisement improbable entre son personnage et celui d’un de ses amis. Ainsi naissait Shavirez, un capitaine tsigane possédant une notion douteuse du bien et du mal. "J’ai proposé ça au band et tout le monde a ri, raconte-t-il. Alors on a commencé à délirer là-dessus, à inventer son histoire, à écrire des épisodes et, finalement, on a vu que c’était très riche." Puis, après une prestation de 20 minutes ayant déchaîné l’enthousiasme du public, ils ont décidé de plancher sur le spectacle d’environ une heure qui leur a valu le Prix du meilleur texte francophone au Festival Fringe 2008. "Les gens trouvent ça fou, poursuit-il. Certains disent qu’il y a longtemps qu’ils n’ont pas ri autant."

Un succès qu’il attribue aux nombreuses surprises que comporte Shavirez, le Tsigane des mers, tandis qu’au son de l’accordéon d’Amélie Poirier, ses deux comparses acteurs-marionnettistes et lui-même y donnent vie à une véritable saga épique à partir de pratiquement rien. "Je dis toujours qu’il s’agit de notre baron de Münchhausen à nous. Cet univers permet tellement de folies… Si c’est impossible, on va le faire! On se spécialise, comme on dit, dans le grand déploiement à petit budget. C’est aussi ce qui éveille beaucoup de rires chez les spectateurs", constate-t-il. Pour tout décor, ils n’ont en effet qu’une table avec des panneaux, manière de coffre au trésor dont peut jaillir à peu près n’importe quoi. "Nos univers sont créés avec très peu de chose parce qu’on n’a pas d’argent et qu’on fait tout nous-mêmes, ajoute-t-il. En général, on essaie d’y aller avec des éléments qui punchent rapidement pour que le public saisisse tout de suite où on est." Autant dire que le passage de l’idée à sa réalisation sollicite jusqu’aux moindres ressources de leur imagination.

Quant à leur type d’humour, il remarque: "C’est très proche de l’univers de Goscinny, d’Iznogoud, très BD, très coloré. Il y a beaucoup de jeux de mots. Ça se rapproche de l’absurde britannique à la Monty Python par bouts, avec des choses improbables, des anachronismes, des décrochages, observe-t-il. On a envie que le party soit dans la salle autant que sur scène, on veut faire rire les gens, qu’ils participent comme s’ils étaient des enfants dans un spectacle pour enfants." De sorte qu’ils cherchent dès le départ à se gagner la complicité du public. "C’est la fête! Il y a de la musique, on les fait taper des mains… évoque-t-il. Le quatrième mur n’existe plus. On arrive vraiment à développer quelque chose avec les spectateurs, ce qui nous permet d’introduire des running gags et d’avoir une représentation unique à chaque fois. Parce que le texte n’a pas été écrit pour être fixé, mais pour être vivant." Et pétant de santé, semble-t-il.