Cabaret Dub & Litté Sound System : Lectures de cabaret
Le Cabaret Dub & Litté Sound System ouvre ses portes lors des Correspondances d’Eastman pour pervertir les bonnes gens à coups de spoken word porté par des airs de dub.
Michel Vézina est un transfuge du cinéma, en plus d’avoir longuement bourlingué des deux côtés de l’Atlantique (avec Bérurier Noir d’un bord et Le Cochon souriant de l’autre). Il est tombé dans la littérature comme d’autres versent dans le vice. Éditeur et chroniqueur littéraire, il est également cet écrivain célébré. Ses trois romans (Asphalte et Vodka, Élise, La Machine à orgueil) furent lancés tels des cailloux bien affûtés à la fenêtre de la littérature québécoise. "On écrit parce que c’est un des derniers espaces de totale liberté, clame-t-il. En littérature, il y a un lien direct entre l’auteur et le lecteur… mais on ne se voit jamais."
Or, des événements comme Les Correspondances d’Eastman – "un festival qui se démarque par sa forme", selon lui – permettent de contourner cet isolement et d’aller à la rencontre du lecteur, qui devient alors spectateur. Pour magnifier ces rarissimes communions, l’écrivain a fait appel à son fidèle ami et musicien Vander (Les Colocs) et, ensemble, ils ont créé une formule de soirées littéraires intitulée Cabaret Dub & Litté Sound System.
"On voulait ramener à l’avant ce que les Américains appellent le spoken word", explique Vézina. Le tout premier de ces cabarets s’est tenu en 2005 et s’inscrivait en réaction à de nombreuses soirées de poésie soutenues par du jazz ou de la musique actuelle. "On a eu envie de mettre en lien des textes plus narratifs et une musique qui s’appelle le dub, qui est à la fois groovy et profonde." Quant à l’ambiance visuelle, elle est assurée par notre interlocuteur. "J’ai découvert un truc qui s’appelle le VJing. Je me suis mis à m’amuser avec ça. Les images que j’envoie en spectacle sont très travaillées, impressionnistes."
MAGICIENS LITTÉRAIRES
Victimes de leur succès, Michel Vézina et Vander ont présenté leur Cabaret Dub & Litté Sound System un peu partout dans la francophonie. "Au départ, on ne pensait pas qu’on en ferait pendant quatre ans, avoue le romancier. Bon an mal an, on en fait une douzaine par année." Chaque fois, les lecteurs changent. Ceux invités à Eastman sont July Giguère, François Hébert, Jean-François Létourneau, Stanley Péan et Nathalie Watteyne. "Ce qu’on va présenter aux Correspondances, c’est vraiment un cabaret improvisé. Vander et moi, on va avoir lu les textes avant pour déterminer les musiques qui vont s’accorder avec les lectures, mais quand l’auteur arrivera sur scène, ce sera de la nouveauté autant pour lui que pour le public. Et la magie opérera. En quatre ans, il n’est pas arrivé une seule fois que la magie n’opère pas."
Ainsi, tout porte à croire que Michel Vézina a mis la main sur le secret d’une soirée littéraire réussie. "Ça prend des textes courts, qui ne dépassent pas cinq minutes. De plus, on insiste beaucoup sur la qualité de la lecture. Être sur une scène, c’est donner un spectacle. Des poètes timides qui n’ont pas envie d’être là, on n’en veut pas."