Jean-Guy Legault : Folle journée
Jean-Guy Legault met en scène La Journée des dames, une pièce de la Britannique Amanda Whittington.
Après Nuit d’Irlande et L’Éblouissement du chevreuil, le Nouveau Théâtre Urbain propose La Journée des dames. "Le projet est né de la volonté de quatre des comédiennes de Huit femmes de retravailler ensemble sur un texte qui tournerait autour des femmes, explique le metteur en scène Jean-Guy Legault. J’ai lu beaucoup de pièces mais c’est celle d’Amanda Whittington qui a retenu mon attention. Je l’ai trouvée hilarante et pleine d’autodérision, même s’il demeure un fond dramatique. Le combat de ces femmes, leur volonté, leur acharnement, leur résilience, c’est beau."
Geneviève Bélisle, Sophie Faucher, Brigitte Paquette et Béatrice Picard incarneront ainsi Linda, Jan, Shelley et Pearl, quatre emballeuses de poissons qui décident un jour d’assister au Royal Ascot, la très huppée course de chevaux à laquelle participent les écuries de Sa Majesté la reine d’Angleterre. Pour une journée, la Journée des dames, elles troquent leurs filets à cheveux contre des chapeaux et se glissent dans un univers qui n’est pas le leur. Une journée riche en surprises qui leur permettra de faire une découverte de taille: leur amitié est plus précieuse que les paillettes. Quant aux personnages masculins, ils seront tous incarnés par Vincent Côté.
"Il y a une critique sociale dans ce texte, précise Legault, mais aussi un questionnement humain fondamental: quelle est notre raison d’être? La pièce porte un message d’espoir. Et je crois justement que le théâtre doit donner le goût d’avancer et de se développer." Outre la mise en scène, Legault signe la traduction de la pièce, un véritable défi puisque le texte original comporte énormément d’argot britannique. "Ce qui est intéressant, c’est de mettre en évidence les classes sociales par le niveau de langage. Cela permet aussi de donner à chaque personnage un type particulier selon sa qualité de français. En fait, dans la façon de parler et la construction des phrases originales, il y avait beaucoup d’équivalences avec des expressions québécoises. Mais j’ai conservé certains termes anglais parce qu’ils nous rattachent au lieu réel, la Grande-Bretagne, sans tuer la compréhension." Une incursion en terre britannique qui permettra aussi aux spectateurs de découvrir le milieu fascinant et mal connu des courses de chevaux, dépeint avec beaucoup de réalisme.
La Journée des dames repose essentiellement sur le jeu des comédiens. "Ceux qui aiment les performances d’acteurs seront servis", explique Legault avec enthousiasme, ajoutant, sourire aux lèvres: "Voir Sophie Faucher parler en québécois, c’est un événement en soi!" Dans ce contexte, le metteur en scène a misé sur une scénographie minimaliste: "J’ai toujours aimé révéler l’artifice théâtral, que le spectateur voie le lieu se transformer. Ici, nous avons joué avec les colorations: gris bleuté pour l’usine, vert et blanc pour le Royal Ascot. Nous voulons stimuler l’imaginaire du spectateur, faire en sorte qu’il voie ce qui est décrit dans le texte sans qu’on le lui montre." Voilà une belle occasion de découvrir la salle de théâtre du Conservatoire d’art dramatique, méconnue mais magnifique.