Philippe Ducros : Pépites d'or et balles de plomb
Scène

Philippe Ducros : Pépites d’or et balles de plomb

Philippe Ducros et son équipe ont concocté une comédie western bien ficelée où pistolets, bandit vérolé, chasseur de primes et jolie fille se succèdent dans des scènes qui rivalisent avec les grands classiques du cinéma.

Le rideau s’écarte sur une scène complètement noire. Puis, un homme allume une lanterne frontale, le décor s’illumine faiblement, laissant voir un crâne de vache squelettique et la silhouette menaçante d’un sombre individu dont le chapeau aux larges bords nous cache les traits. Lentement, Alain Lépine et Richard Lemire mettent en place les bases de l’intrigue, premières informations données en pâture aux spectateurs pour mieux captiver leur attention. Et la musique, celle de Ludovic Bonnier, s’ajoute au canevas, capturant l’auditoire dans un guet-apens musical pour le conduire dans les bayous louisianais, là où commence l’histoire, celle que Philippe Ducros, fine gâchette de l’imaginaire, a écrite lors d’un voyage dans le sud des États-Unis, "cette terre des paradoxes". Arrive ensuite Bunny Belle (Marie-Laurence Moreau), vêtue de rouge et de noir, cuisses dévoilées et corsage invitant, chantant et dansant à la mode des entraîneuses de saloon du Far West. Deux types à la mine patibulaire, le chasseur de primes Jim Crow (Lemire) et son acolyte Harry Zona (Sylvio Archambault), lorgnent la jeune femme, cherchant un moyen de l’entraîner avec eux jusqu’à Vegas. À ce moment, Klondike (Patrice Leblanc), qui a la bouteille et la répartie faciles, les informe de l’existence de Jack (François Bernier), faux-monnayeur cajun qui doit sortir de prison sous peu pour rejoindre sa Bunny. Tous les personnages de L’Assassinat d’Andrew Jackson, humoristiquement stéréotypés, sont alors prêts pour une virée sur les chemins de fer américains.

1880, c’est la ruée vers l’or, l’époque où les balles de plomb sifflent dans l’air. L’amour et la richesse se jouent dans une partie de poker, les destins se bousculent comme les cow-boys prêts à tout pour tirer leur épingle du jeu. Quand tout semble perdu, que le sang macule les chemises, que la corde se resserre autour du cou d’un pendu ou que, pire, la bouteille de bourbon est vide, le rêve n’est jamais complètement hors de portée, les billets de 20 $ à l’effigie d’Andrew Jackson peuvent encore changer de mains, le bon l’emporter sur le méchant. Du 29 juillet au 22 août à la salle Pierrette-Gaudreault, l’Amérique de tous les possibles ouvre donc ses portes aux Saguenéens avec L’Assassinat d’Andrew Jackson. Fruit de la collaboration des productions Hôtel-Motel et À tour de rôle, cette pièce n’a pas déçu depuis qu’elle a été créée et présentée au Quai des arts de Carleton-sur-Mer en 2008. Avec les cascades, les rebondissements et la performance convaincante des acteurs, cette création est à la hauteur de la réputation de Philippe Ducros, qui présentera d’ailleurs sa toute dernière production théâtrale, L’Affiche, à Montréal cet automne. Créateur multidisciplinaire, Ducros propose, parallèlement à L’Assassinat d’Andrew Jackson, une exposition de photos qu’il a prises lors de l’élaboration de la pièce. Supplément d’âme à une excellente soirée, cette série d’images expose bien la démarche de cet intelligent artiste-citoyen-globe-trotter.

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Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone, 2025, l’année du Serpent de Philippe Ducros, Les Points tournants de Stephen Greenhorn