Yves Desgagnés : Contes pour tous
Scène

Yves Desgagnés : Contes pour tous

Aux snobs, Yves Desgagnés ordonne de rester chez eux. Aux autres, le metteur en scène de Sherazade promet un feu roulant de 94 minutes.

Yves Desgagnés en connaît un bout sur le snobisme, assez en tout cas pour citer illico l’étymologie du mot: "Ça vient du latin sine nobilitate, ce qui veut dire "sans noblesse"", explique-t-il dans un discours enflammé contre ceux qui lèvent le nez sur les arts populaires. "Peter Brook disait: "Le diable, c’est l’ennui", et moi, j’ai compris ça. Au départ, le spectacle durait deux heures plus entracte. On a enlevé tous les bouts plates, on a enlevé l’entracte et il reste 94 minutes de chaleur et de sensualité."

Desgagnés enchaîne: "Sherazade c’est le premier personnage de femme féministe. C’est l’histoire d’une femme qui s’est dit: "Ça suffit, le macho qui tue une nouvelle femme tous les jours!"" Et c’est en racontant des légendes trépidantes au sultan (Philippe Berghella) que la belle (Rita Tabbakh) fait cesser le rituel. Évidemment, en ayant soin de retarder le punch, en tenant son auditeur haletant de connaître le dénouement. Les lecteurs de Millénium ou autres fans de 24 heures chrono savent bien de quelle frénésie il s’agit.

"Mais on ne se prend pas la tête avec aucune réflexion sur le monde, on s’entend! s’exclame Desgagnés. C’est un spectacle populaire. Ce qui fait le show, ce sont les 23 interprètes sur scène, qui sont rodés comme ça se peut pas." Faut dire que le public de Québec verra le Sherazade de Félix Gray vieilli d’une cinquantaine de représentations à l’Olympia de Montréal.

D’ailleurs, les critiques montréalais ont fait de la danseuse étoile du spectacle, Amelia, pro du baladi, la chouchou de leurs commentaires. "Son vrai nom, c’est Amélie Lévesque, mais pour nous, c’est une vraie déesse orientale." Elle et les 12 autres danseurs s’exécutent au son de plusieurs instruments typiques. Comme dans la majorité des productions du genre, la trame musicale, composée par Guy St-Onge, est enregistrée, mais trois musiciens sont sur scène pour la bonifier de leurs violons, luth arabe et percussions indiennes.

Et quant au défi de plonger pour la première fois dans la comédie musicale, Yves Desgagnés dit s’être régalé. "Moi, je suis le même quand je mange du McDo ou un carré d’agneau. J’ai le même plaisir à monter un Tchekhov qu’à monter Sherazade…"