La Journée des dames : Course à relais
Scène

La Journée des dames : Course à relais

Avec La Journée des dames, une pièce d’Amanda Whittington, Jean-Guy Legault offre une enfilade de clichés.

D’emblée, on ne peut pas dire que la pièce d’Amanda Whittington, créée en Angleterre en 2005 – semble-t-il avec beaucoup de succès – soit d’une grande originalité. Dans cette démonstration haute en couleur, mais aussi riche en caricatures et en lieux communs, des avantages de la solidarité féminine, quatre collègues de travail cessent pour un jour d’emballer du poisson pour s’offrir une escapade au Royal Ascot, fameuse et très bien fréquentée course de chevaux.

Vous aurez compris que l’événement mondain en question cristallise tout ce que ces femmes de modeste condition ne pourront jamais obtenir, le rêve qui ne deviendra jamais réalité. Rêve de célébrité, de richesse, de plénitude sexuelle, amoureuse et professionnelle. La plus jeune, Linda, incarnée de manière plutôt monolithique par Geneviève Bélisle, est victime d’une mère abusive qui lui soutire tout son argent. Jan, une mère monoparentale et abstinente que Sophie Faucher défend avec bien peu de nuances, s’oublie complètement pour sa fille.

Quant à Shelley, que Brigitte Paquette incarne avec conviction mais en y mettant peut-être un peu trop de vulgarité, elle comble son immense vide affectif en dépensant compulsivement l’argent qu’elle n’a pas. Finalement, Pearl est la seule qui réalise ses fantasmes. Depuis quelques années déjà, la dame, à laquelle Béatrice Picard ne donne pas beaucoup d’éclat, entretient une relation extraconjugale. Mais son homme, adepte de plaisirs charnels et intellectuels, a disparu. C’est d’ailleurs dans l’espoir de le retrouver que Pearl est au Royal Ascot ce jour-là.

Jean-Guy Legault, qui signe la traduction en plus de la mise en scène, a donné à tout ce beau monde une langue pas possible, un mélange de joual et d’expressions british, un parler maladroit qui ne traduit pas, comme on sent qu’il cherche à le faire, une condition sociale ou une inadéquation au monde. Quant au déroulement de la pièce, il est assez prévisible. Chacune des quatre femmes a son numéro, sa scène-clé, un moment où, le plus souvent grâce à l’alcool, elle se révèle aux autres. On apprend ainsi que chacune cache un drame, une vulnérabilité. Évidemment, tout cela soude leur complicité, ce qui devrait nous les rendre attachantes, mais ce n’est pas le cas. Le jeu, caricatural, et l’intrigue, banale, ne l’autorisent pas.

Il faut en terminant mentionner l’existence des personnages secondaires, tous masculins et tous fort bien incarnés par Vincent Côté. On se désole toutefois que le procédé, fondé sur cette virtuosité que Legault et ses admirateurs affectionnent tant, ne parvienne pas à sauver la mise.