Rentrée danse : Sur tous les tons
Scène

Rentrée danse : Sur tous les tons

Des créations inédites, des explorations audacieuses, des reprises, des anniversaires, des retours attendus, des nouveaux venus… La rentrée danse affiche une palette de couleurs des plus diversifiée.

Dans la deuxième quinzaine de septembre, tandis que les Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM) ouvrent grand la porte de l’Atelier chorégraphique des danseurs, la saison danse automne-hiver démarre en trombe avec les sixièmes Escales improbables, la seconde édition de Destination Danse et la septième de Transatlantique Montréal, trois événements dont nous vous parlerons plus amplement très bientôt.

Cette année, les propositions sont plus éclectiques que jamais et il semble que bien des artistes explorent des chemins de traverse tout en approfondissant leur démarche artistique. C’est notamment le cas du Belge Sidi Larbi Cherkaoui (voir encadré), qui pousse le métissage culturel en invitant sur scène des moines bouddhistes du temple Shaolin, et de José Navas, qui nous gratifie d’un nouveau solo et présente sa première oeuvre pour grand plateau, sur des musiques de Satie. Tous deux sont programmés par Danse Danse qui nous donne également à découvrir un nouvel aspect de la fougue de la relève israélienne avec le Londonien d’adoption Hofesh Shechter. Des musiciens accompagnent les interprètes de ces trois spectacles comme de celui de Chantal Lamirande. Cette dernière investit l’espace de l’Agora en prenant la lumière pour partenaire tandis que Jocelyne Montpetit choisit d’y plonger dans les profondeurs de la nuit. Pierre-Paul Savoie revient aussi dans cette salle qui l’a si souvent accueilli pour y livrer l’intégrale de son Diasporama, soit quatre oeuvres commandées à des chorégraphes québécois exilés à Amsterdam, Berlin, Göteborg et New York.

DES REPRISES ET DES ANNIVERSAIRES

Les fans de Louise Lecavalier et de Benoît Lachambre seront ravis de la reprise d’Is You Me à l’Usine C qui reçoit aussi un solo débridé du Vancouvérois de Holy Body Tattoo, Noam Gagnon. Outre le traditionnel Casse-Noisette de fin d’année, les GBCM reprennent quant à eux l’excellent Roméo et Juliette du Français Jean-Christophe Maillot. La compagnie Bouge de là célèbre son 10e anniversaire avec Vieux Thomas et la petite fée dans la série PDA Junior et Dulcinée Langfelder se remet dans la peau de la célèbre Victoria qui a marqué les annales de l’Agora.

Danse-Cité y va aussi de deux reprises, Çaturn de Naomi Stikeman et Corps intérieur de David Pressault, en plus de soutenir la danseuse et auteure Catherine Lalonde pour le second volet de son Musica Nocturna et de célébrer le 30e anniversaire de SuperMusique en coproduisant BELGOrientation, un parcours musical à travers les galeries du Belgo réunissant 20 musiciens et 10 danseurs. Résident de cet édifice de la rue Sainte-Catherine, le Studio 303 y organise une journée Portes ouvertes le 25 septembre après avoir présenté sous le titre Rafales le résultat d’une résidence d’été offerte à deux chorégraphes et le travail de deux vidéastes. D’ici Noël, le 303 aura aussi offert un Cabaret de la fête des morts, une soirée de contact-improvisation avec le Hollandais Benno Voorham, une autre avec cinq courtes formes sur le thème de la résistance, et il aura fêté ses 20 ans avec un grand gala et un collage chorégraphique de 20 artistes issus de plusieurs générations et écoles.

RELEVE ET CETERA

La Cinquième Salle fait la part belle à la relève en présentant dans Post Hip Hop Project les oeuvres élaborées par de jeunes danseurs à l’occasion d’ateliers chorégraphiques menés par Victor Quijada et Anne Plamondon du très aimé Rubberbandance Group. Elle nous ouvre aussi une fenêtre sur l’Australie avec des oeuvres de trois compagnies différentes (voir encadré), tandis que le MAI mise sur le métissage des danses africaines et occidentales avec un nouveau solo de Zab Maboungou présenté en programme double avec la compagnie Nafro Dance de Winnipeg, ainsi qu’une soirée consacrée au Zimbabwéen Gibson Muriva.

Et bien sûr, Tangente reste le lieu idéal pour se familiariser avec la jeune génération et les créations plus atypiques. Sa saison commence par les deux soirées traditionnelles de Danses buissonnières dédiées aux finissants des écoles montréalaises où se glissent cette année un autodidacte et des invités spéciaux. La série Être(s) humain(s) présente un programme double avec un solo de Deborah Dunn dansé par Nadine Sure et un étrange duo interprété par le Suisse Marco Delgado et la Belge Nadine Fuchs. Sophie Dale et Francis Ducharme prennent l’affiche avec un sombre essai sur la nature du couple, relayés par la Torontoise Ame Henderson et le Croate Matija Ferlin qui se penchent sur les difficultés à vivre ensemble. Catherine Gaudet (voir encadré) s’attache quant à elle à l’expression des manques affectifs tandis que Jacques Poulin-Denis joue les équilibristes en solo… Enfin, au moment des Fêtes, les ados pourront méditer sur la famille grâce à une création de Serge Lafortune et profiter de l’ironie de Marie-Eve Albert.

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CAP SUR L’AUSTRALIE

La Cinquième Salle de la Place des Arts nous offre un regard sur la création australienne avec trois oeuvres présentées entre octobre et février. La première est le résultat d’un travail de la chorégraphe Kate Campion en collaboration avec les interprètes de la compagnie Force majeure. Ce collectif créé en 2002 se distingue par des oeuvres multidisciplinaires et multimédias portant sur des enjeux sociaux contemporains. Ainsi, The Age I’m In traite de questions liées à l’âge et aux relations intergénérationnelles. Interprétée par des acteurs et des danseurs âgés de 15 à 80 ans, elle a été élaborée à partir de 80 entrevues avec des gens ordinaires, dont certains extraits sont utilisés dans la bande sonore et illustrés de manière originale, parfois drôle et souvent touchante. Misant beaucoup sur le contact et le partenariat, la danse y est fluide et dynamique.

Un trio étonnant vient ensuite occuper l’espace en novembre avec la dernière oeuvre de la chorégraphe Tanja Liedtke. Allemande d’origine établie à Sydney depuis 1996, elle est décédée prématurément alors qu’elle avait amorcé une brillante carrière. Créée en collaboration avec les interprètes Kristina Chan et Paul White, Construct est une chorégraphie sous forme de château de cartes qui fait écho aux difficultés que l’on éprouve à construire toutes choses et à les maintenir en place. Roadkill, autre trio présenté par la compagnie Splintergroup, viendra clore la série en février en abordant les thèmes de l’agoraphobie et de la solitude dans la brousse australienne. Une façon sympathique de tromper l’hiver…

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DANS LA MIRE /

Uprising et In Your Rooms
Hofesh Shechter
Du 1er au 3 octobre
Au Théâtre Maisonneuve

Vingt
Gala 20e anniversaire du Studio 303
Le 6 octobre
À la Cinquième Salle

Roméo et Juliette
Jean-Christophe Maillot
Du 15 au 30 octobre
Au Théâtre Maisonneuve

Sutra
Sidi Larbi Cherkaoui
Du 4 au 8 novembre
Au Théâtre Maisonneuve

The Vision Impure
Noam Gagnon
Du 18 au 21 novembre
À l’Usine C

S et Villanelle
José Navas
Du 25 au 28 novembre
Au Centre Pierre-Péladeau