Marie-Hélène Gendreau : Portrait de femmes
Scène

Marie-Hélène Gendreau : Portrait de femmes

Marie-Hélène Gendreau a voulu faire ressortir l’universalité de Quatre à quatre, une pièce de Michel Garneau mettant en scène quatre générations de femmes. Bienvenue aux hommes.

Quatre à quatre raconte l’histoire d’Anouk, une jeune femme d’aujourd’hui qui, en pleine débâcle amoureuse, cherche à comprendre qui elle est en se demandant d’où elle vient. "Donc, elle provoque la rencontre poétique des trois femmes qui l’ont précédée", explique la metteure en scène, Marie-Hélène Gendreau. "Ce qui est intéressant, c’est de voir que l’espoir amoureux, les désillusions sont communs à toutes les femmes, peu importe l’époque", ajoute Éva Saïda, l’interprète d’Anouk. Avec elle, Marie-Ginette Guay, Denise Verville et Sylvie Cantin complètent une distribution que Marie-Hélène désirait véritablement intergénérationnelle. "Une comédienne de 20 ans peut jouer ce rôle et on va y croire, illustre-t-elle en parlant de la grand-mère, sauf que l’actrice de 20 ans n’a pas ses 70 ans, alors qu’une femme de 70 ans a toujours ses 20 ans en elle."

Or, même si le spectacle tourne autour de quatre femmes, il comporte également une touche masculine, du côté de la conception et de la musique (Millimetrik). "Ces personnages se définissent tellement par leur rapport à l’homme que je me suis dit qu’il fallait qu’il y ait du sang de gars sur scène, poursuit-elle. Le décor est brut, il fait penser à un chantier de construction, avec des clins d’oeil au terroir, au passé, à notre enracinement et, en même temps, une vision urbaine, actuelle d’où est Anouk en ce moment." À ce propos, Éva fait remarquer: "La parole est dure; ce n’est pas mielleux, romantique, rose bonbon, c’est rentre-dedans et cette franchise va rejoindre les gars."

Il s’agit d’ailleurs d’un des aspects qui l’ont charmée. "Rien n’est dit à moitié, tout est direct, simple et complètement sensible, s’enthousiasme-t-elle. La poésie de ces mots me fait halluciner; je me trouve chanceuse de pouvoir parler cette langue." "Il s’agit d’une prière, ce qui fait qu’avec les concepteurs, j’ai cherché à amener des symboles de la foi, de la religion catholique, précise Marie-Hélène. Ce que j’aime particulièrement, ce sont les contradictions, les contrastes. Michel Garneau montre la jalousie, la rage qu’on porte en nous et aussi toute la douceur, le caractère maternel des femmes."

Dans un même ordre d’idées, elle a choisi de privilégier une alternance entre un jeu exigeant des comédiennes – plutôt que d’incarner franchement leurs personnages, elles doivent se faire conteuses – et une exploitation du mouvement mettant en valeur la poétique du corps féminin. "Éva a des parties très chorégraphiées quand Anouk est au coeur de sa rage, indique-t-elle. Il y a un flot de paroles et je trouvais important que le corps parle lui aussi." "Ce n’est pas beau, ce n’est pas de la danse, renchérit la comédienne. C’est violent, extrêmement violent." Une blessure à vif qui n’a d’égale, comme le note la metteure en scène, que la luminosité de ces grandes amoureuses.