Marie-Josée Bastien : Pas si fou que ça
Scène

Marie-Josée Bastien : Pas si fou que ça

Le tout est né d’un exercice pédagogique au Conservatoire, mais la metteure en scène Marie-Josée Bastien assure qu’Et autres effets secondaires est devenu un vrai de vrai spectacle, prêt à faire ses classes à Premier Acte.

C’est en deuxième année de leur parcours de formation que les 10 membres de la compagnie Des miettes dans la caboche ont décidé d’explorer la schizophrénie. "C’est probablement le pire des conflits humains: t’es aux prises avec toi-même", lance Marie-Josée Bastien. Mais jouer des personnages atteints de maladie mentale, ça ne fait pas un peu trip d’acteur? "Au début, ils se disaient: "On va jouer des fous, ça va être le fun!" Mais au fur et à mesure, ils ont découvert la délicatesse de jouer ça, entre autres pour ne blesser personne. Ils ont réalisé le sérieux d’entrer dans cet univers-là. Je les ai vus appeler des infirmières pour connaître les effets de tel médicament sur le malade ou passer cinq heures avec un psychiatre pour comprendre l’impact de la maladie sur les proches."

L’histoire, écrite collectivement, c’est celle de Benoît, schizophrène sans-abri. On assiste à la genèse de sa vie: enfance, diagnostic, séjour en institution, exclusion de la société, etc. Et qui dit schizophrénie dit personnages imaginaires et voix qui commandent des actions. "Une matière théâtrale en or!" s’exclame la metteure en scène.

Malgré la thématique, on ne verse pas pour autant dans le théâtre d’intervention ni le théâtre social: "Je n’aurais pas accepté si ça avait été ça. C’est profondément théâtral. En quelques secondes, la scène change totalement, y’a plus de décor, on se retrouve dans une école primaire ou un hôpital; un acteur met un capuchon et devient un autre personnage."

Pour ça, il fallait des acteurs-créateurs. "Pour moi, il n’y a pas de meilleur auteur que le comédien qui incarne le rôle." Même le tout jeune finissant? "Oui, parce qu’ici, au Conservatoire de Québec, on axe beaucoup la formation sur la création, pas juste sur l’interprétation. Et de toute façon, j’ai travaillé avec eux comme avec des professionnels expérimentés. Et comme je les ai connus à leur première année, je savais qu’une telle avait telle force ou telle faiblesse, qu’un autre excellait là et moins là."

La création collective a la cote cet automne sur les scènes de Québec. Deux chez Premier Acte et l’autre, chez son voisin d’en face. La pièce Et autres effets secondaires a été créée par une douzaine de personnes, sur plus de deux ans "et dans des conditions idéales", explique Marie-Josée Bastien. "À l’école, on était ensemble cinq jours par semaine, de 9 à 6, les acteurs n’avaient pas d’autres obligations ailleurs, c’est hyper efficace." La seule trace du contexte scolaire dans lequel a été créée Et autres effets secondaires, c’est le fait que tous les acteurs ont un temps de glace équivalent. Évaluation pédagogique oblige…