Les Fourberies de Scapin : La galère
Scène

Les Fourberies de Scapin : La galère

Pour amorcer sa 17e saison, le Théâtre des Gens de la place s’attaque aux Fourberies de Scapin de Molière.

Adolescente, alors qu’elle fréquentait l’institut Keranna, Éveline Charland a joué dans une production des Fourberies de Scapin où tous les rôles étaient tenus par des filles. Aujourd’hui directrice artistique du Théâtre des Gens de la place, la jeune femme a choisi de revisiter cette pièce qu’elle a toujours beaucoup aimée.

Ayant déjà mis en scène une autre oeuvre de Molière, Le Malade imaginaire, lors de la saison 2002-2003 du TGP, Charland estime toutefois que le défi est différent cette fois-ci. "C’est une pièce qui est plus dynamique, il y a plus de scènes loufoques… J’avais envie de pousser plus loin dans la comédie."

Dans une ville portuaire, le noble Argante (Martin Francoeur) se prépare à marier à la fille du seigneur Géronte (Guy Baillargeon) son fils Octave (Alex Trahan), sans savoir que ce dernier en a déjà secrètement épousé une autre (Gwendoline Côté). Parallèlement, le fils de Géronte, Léandre (Tommy Joubert), s’est lui aussi entiché d’une demoiselle (Josiane Proteau) sans le consentement de son père. Intervient alors le valet Scapin (Martin Sévigny), qui propose d’aider les jeunes amants mais qui, en multipliant les mensonges et les manigances de part et d’autre, ne fera que compliquer les choses davantage…

"Scapin, c’est lui qui manipule un peu tout le monde autour de lui, alors que souvent, c’est plutôt la victime qui est le personnage principal dans les pièces de Molière", explique celle qui, dès le départ, avait un acteur en tête pour tenir le rôle de Scapin. "Ça fait plusieurs années que je pense à monter cette pièce-là, et c’était toujours Martin Sévigny que je voyais en Scapin. Martin a cette énergie-là, il a un dynamisme, une vivacité d’esprit qui est pareille à Scapin. D’ailleurs, il a trouvé ça dur au début parce qu’il essayait de composer un personnage différent, puis je lui disais: "Non, ramène-le à toi!""

Pour jouer les impétueux Argante et Géronte, Éveline a fait appel à Martin Francoeur et Guy Baillargeon, des acteurs d’expérience que connaissent bien les habitués du TGP. Mais pour incarner les deux jeunes premiers et leurs amoureuses, la metteure en scène s’est tournée vers de nouveaux visages. "C’est lors des auditions du TGP qu’on fait tous les printemps que j’ai recruté les jeunes. Ça me mettait un peu plus en danger de devoir travailler avec des gens moins expérimentés. Mais le mélange des "vieux" avec les jeunes, ça a donné une belle chimie d’équipe. Les uns ont appris des autres, dans tous les sens."

Avoir une distribution de qualité est ici primordial car, avec une intrigue abracadabrante carburant aux quiproquos et aux coïncidences, le succès des Fourberies de Scapin repose en grande partie sur la capacité des comédiens de nous faire avaler ce récit improbable et d’en faire ressortir l’humour. "Ce n’est pas un texte qui est très facile à la base, admet Éveline. C’est vraiment l’interprétation qui fait toute la différence. Dans la scène où Scapin met Géronte dans le sac, par exemple, c’est la performance de Martin Sévigny qui va être intéressante à voir. Il y a plusieurs scènes comme ça qui sont des moments d’acteur, si on veut."

Pour mettre encore plus en valeur ses comédiens, Charland a par ailleurs opté pour une scénographie dépouillée, avec un minimum de points de référence. "Ça ne se passe pas nécessairement à l’époque de Molière, ce n’est pas moderne non plus… En fait, j’ai abordé la pièce comme un rêve. Je voulais que le spectateur puisse se faire sa propre idée de quand et où ça se passe."

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