Les Sept Jours de Simon Labrosse : Les hauts et les bas de Simon Labrosse
Scène

Les Sept Jours de Simon Labrosse : Les hauts et les bas de Simon Labrosse

La comédie Les Sept Jours de Simon Labrosse ouvre la saison automnale du Théâtre de l’Île avec pour pierre d’angle un personnage culotté…

C’est sous le signe de la comédie que Sylvie Dufour, nouvelle directrice artistique du Théâtre de l’Île, a choisi de démarrer sa première saison. Pour ce faire, elle a confié les rênes d’une comédie fine et intelligente à Kira Ehlers, une habituée du Théâtre du Trillium, où la directrice a officié ces 10 dernières années. La jeune metteure en scène avait en outre l’avantage de s’être déjà frottée à la dramaturgie reconnue de Carole Fréchette, avec la production Les Quatre Morts de Marie en 2001 au Trillium. "Ça avait été une belle expérience, mais j’étais très intimidée par le texte, que je n’osais pas retoucher malgré quelques longueurs", se remémore Kira Ehlers, qui met cet inconfort sur le compte de son inexpérience d’alors. Quelques années de métier plus tard, la metteure en scène a pris le taureau par les cornes en entrant en contact avec l’auteure et en réactualisant légèrement la pièce datant de 1995. "Les deux pièces sont fort différentes. Il y a un rythme dans la pièce actuelle qui me colle plus à la peau", de noter la metteure en scène.

Chômeur bien malgré lui, Simon Labrosse (Vincent Poirier) fait l’impossible pour se trouver un métier à sa juste mesure. À l’aide de Léo (Sébastien Lajoie) – son vieil ami poète à ses heures et dépressif depuis qu’il a reçu une brique sur le cortex – et Nathalie (Catherine Rousseau) – une non-comédienne ésotérique dénichée grâce à une petite annonce -, il propose des mises en scène réparties sur sept jours où il invente des professions loufoques mais non dépourvues d’une certaine profondeur… "C’est du théâtre dans le théâtre. Simon offre ses services aux spectateurs: il propose d’être finisseur de phrases, cascadeur émotif, remplisseur de vide, spectateur personnel…"

Comme on s’en doute, tout ne tournera pas rond dans l’univers fabriqué de Simon Labrosse… sa clientèle résistant inévitablement à ses folies de grandeur. "Il incite le monde à cesser de se regarder le nombril, à se laisser observer, écouter, à dire ce qu’ils ont à dire plutôt que de tout garder en dedans et d’être politically correct", note Kira Ehlers, qui a été charmée dès sa première lecture de la pièce par l’aplomb et la vivacité du personnage central. "Simon, c’est un explorateur. Il croit à tout. Pour lui, tout est possible."

Un rôle pour lequel elle se devait de trouver un comédien à la hauteur. "Je savais que Vincent était charismatique, avait une belle énergie. Je ne voulais pas travailler avec le même monde. Je n’ai jamais travaillé avec ces trois comédiens. Je voulais une fraîcheur et, en testant des trios à l’audition, j’ai particulièrement accroché sur celui-ci."

En plus d’examiner le conformisme castrant du marché du travail, la pièce met aussi la loupe sur les trentenaires qui ne savent toujours pas quelle voie professionnelle emprunter… "Simon s’avoue démuni dans la pièce. Je ne compte plus dans ma vie le nombre d’artistes qui font des concessions énormes pour s’épanouir dans leur art. Carole Fréchette a d’ailleurs pris de grands risques en laissant son emploi pour se consacrer à sa plume. La pièce suggère donc de prendre des risques, donne la permission de rêver, ce que Simon fait pour s’assurer de ne pas être malheureux. Simon rêve, il choisit la liberté, il fonce."

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